Var-Matin (La Seyne / Sanary)

SEXE ORAL ET TCHATCHE EN SUS L’initiation sexuelle de la génération Youporn. Drôle mais pas que...

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Plutôt que Sextape, À genoux les gars aurait dû être sous-titré Sexe in The Cité. Car c’est bien de cela qu’il s’agit: l’initiation sexuelle de quatre gamins de banlieue de la génération Youporn, dans une forme proche de celle des séries TV à la Friends ou Sex in The City. Soit une suite de séquences plus ou moins longues et drôles, au cours desquelles les deux héroïnes,Yasmina et Rim (Souad Arsane et Inas Chanti, toutes les deux formidable­s) sont confrontée­s au chantage de leurs petits copains (Sidi Mejaj, Mehdi Dahmane) pour qu’elles leur fassent une fellation. Nom d’une pipe ! D’abord purement verbales et plutôt bon enfant, les pressions vont changer de nature dès lors que l’une d’elles (Yasmina) aura cédé et qu’une vidéo de la chose (la fameuse sextape) servira de moyen de pression pour s’assurer de ses services. Car gavés de pornos, de téléréalit­és et de comédies romantique­s trash, ces jeunes garçons et filles ont une conception principale­ment consuméris­te du sexe et de l’amour. « Ce qui compte n’est pas ce qu’on fait mais ce que ça me fait », dit Rim à sa jeune soeur dans la première scène, en mimant un orgasme de cinéma.

PUNCHLINES AU RENDEZ-VOUS Pour les garçons, demander une fellation est plus naturel qu’un baiser. C’est le Graal de toute relation. Dès lors, tout est prétexte à négociatio­n pour l’obtenir. C’est là qu’entre en ligne la tchatche. Et les quatre sont experts en la matière. Qu’il s’agisse de définir une échelle de valeur entre pédophilie, viol et homosexual­ité (deuxième scène très drôle) ou d’obtenir une faveur sexuelle, ça fuse dans tous les sens, avec des punchlines dignes de rappeurs (absents de la BO au profit de chansons romantique­s yéyés, sans doute par goût du contraste). «Bite» et « sucer » étant prononcés encore plus souvent que «fuck» dans un rap hardcore, les dialogues feront saigner les oreilles chastes. Le résultat est néanmoins très drôle… « Mais pas que(ue) » serait-on tenté d’écrire ! Car en plus de bousculer le langage, le film met les pieds dans le plat sociétal du moment: harcèlemen­t, viol, religion, pornograph­ie en accès libre, rapports hommes/femmes. Tout passe à la moulinette de la tchatche infernale de nos ados. Et ça fait du bien ! Dommage qu’une fin totalement ratée vienne ruiner ces bonnes dispositio­ns et oblige à nuancer l’avis très positif qu’on avait du film jusque-là. Il n’est peut-être pas trop tard pour en changer avant la sortie en salles ?

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