L’ÉDITO
Trump, le fauteur de désordre
Donald Trump démontre, hélas, que tenir ses promesses électorales n’est pas toujours une vertu cardinale. Adepte intransigeant du « Je fais ce que j’ai dit », le président des États-Unis est en train de provoquer, en effet, un inquiétant désordre mondial. Aucun continent n’échappe aux conséquences de décisions si déraisonnables que les dirigeants internationaux, à commencer par Emmanuel Macron, pensaient pouvoir le faire changer d’avis. Il n’en est rien. Donald Trump n’est pas du genre à changer d’avis, d’autant que Donald Trump est convaincu que ses choix peuvent contribuer à sa réélection en . Partout, donc, il sème la confusion en piétinant avec une brutalité de dinosaure le droit international et en revenant sur la signature de Barack Obama au bas de nombreux traités. Il a commencé dès janvier en se retirant du traité transpacifique signé par son prédécesseur qui organisait une maîtrise des échanges commerciaux avec la Chine et prévoyait des sanctions. Résultat, Pékin a le champ libre dans la Pacifique. Il a poursuivi en juin en retirant les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat alors que, selon le texte, il ne pouvait le faire avant le novembre . Sa décision de déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem ne viole certes pas les textes, mais il était évident qu’elle mettrait le feu aux poudres. On l’a vu hier avec son ouverture officielle le jour des ans de la création de l’Etat hébreu : les Palestiniens ont manifesté en masse et les affrontements ont fait de nombreuses victimes. Trump attise encore le feu au Proche-Orient en dénonçant l’accord de Vienne qui cantonnait le développement du nucléaire en Iran. Sa décision est à la fois un camouflet pour ses partenaires européens qui défendent cet accord et un grand coup de canif dans les relations transatlantiques. Que faire avec le président d’un allié historique dont le comportement, de fait, met en péril la paix du monde ou fait de la géopolitique à trois balles. C’est le cas avec la Corée du Nord de Kim Jong-un qui, après les menaces de Trump dignes d’une cour de récréation, se trouve soudain légitimé sur la scène internationale par un prochain accord avec lui. Ces décisions incohérentes ouvrent une période d’autant plus dangereuse qu’elle aggrave l’instabilité d’un monde déjà en pleine recomposition.