Le dernier verre pour la route...
Il n’y a encore pas si longtemps, ils étaient légion dans les rues de la basse ville. Aujourd’hui, les ultimes bars à hôtesses de Toulon, autres symboles de ce mythique « petit Chicago » se comptent sur les doigts d’une seule main… Le Bar Joy, l’American Bar, le New-York Bar, le Red Pearl et le Gambetta. Les dernières créatures de la nuit toulonnaise décroisent leurs jambes et lancent des oeillades dans un mouchoir de poche allant de la place Gambetta à l’avenue de la République en passant par la rue Pierre-Letuaire.
Sulfureux américains
« Du temps du petit Chicago, le chiffre d’affaires était environ sept fois plus élevé qu’aujourd’hui, estime Alexandra Delord, responsable de l’American Bar. C’est simple, on faisait une bouteille de champagne tous les soirs. Maintenant, c’est deux ou trois par semaine… » La fin de la conscription, de la venue des marins américains, la baisse du pouvoir d’achat et une réputation parfois sulfureuse auront eu raison de nombreux établissements chauds. « Dans l’ancien Chicago, beaucoup de patrons ont été bouclés pour proxénétisme », soupire M. Motteau, le gérant du Bar Joy. Mais même si l’âge d’or des bars à entraîneuses appartient au passé, les fidèles - souvent des marins - continuent à y vider des godets. « À mon âge, je préfère parler avec de belles filles plutôt qu’à des vieilles qui me racontent qu’elles ont mal au foie ! », lance Christian, ancien vendeur de voiture de 69 ans, en sirotant un verre au Bar Joy, aux côtés d’Alex*, beauté de 23 ans en mini-short blanc.
Organiser des mariages
Côté hôtesses, l’intérêt est de se faire de l’argent assez facilement. Les responsables contactés assurent que tout est en règle - « elles ont des contrats de serveuses » - et que le client paye seulement la « compagnie d’une fille tenant la conversation. »« Je fais ce boulot un temps, après, je me lancerai peut-être dans une formation pour organiser des mariages », glisse Milena*, Orléanaise de 23 ans et hôtesse depuis six mois. D’hôtesse à marieuse, il n’y a parfois qu’un battement de cils… *Les prénoms ont été modifiés.