Accident mortel : deux familles brisées après le drame
A Hyères, le 14 mai 2016 sur l’avenue de la Marine, une camionnette avait percuté la moto d’un quinquagénaire. Vive émotion mercredi au tribunal de Toulon où le jeune conducteur était jugé
L’émotion était intense cette semaine dans la salle des pas perdus du palais de justice de Toulon. Deux familles, deux destins se sont croisés. Leurs regards se sont d’abord évités. Ils ont vécu, ce mercredi, d’interminables minutes d’attente dans la salle d’audience. Lessivés par ce rendezvous face à des magistrats et à des avocats qui raniment de douloureux souvenirs, ils ont subi un KO judiciaire. Ils ont supporté un long moment plongé dans un univers qui leur était jusqu’alors étranger : la machine judiciaire jusqu’au 14 mai 2016…
Un choc terrible
Ce terrible samedi où, sur l’avenue de la Marine à Hyères, entre l’aéroport et l’Ayguade, une camionnette a percuté l’arrière d’une moto. Une collision brusque. Intense. Fatale pour Miguel F., le pilote du deux-roues dont la vie se brise à 58 ans. Malgré l’intervention des secours, ce motard expérimenté, équipé de tout le nécessaire pour circuler au guidon de son engin, décédera non loin du carrefour situé près de l’entrée du camping. Au volant de la camionnette, Thomas G., 23 ans, est pris en charge en état de choc. C’est lui qui n’a pas pu éviter la victime. Lui qui n’a pas eu le temps de freiner. Il se souvient, comme de nombreux témoins présents sur la piste cyclable, de la présence à l’intersection d’un autre véhicule qui a démarré rapidement. Puis, en l’espace d’une fraction de seconde, c’était le choc. L’inévitable, même si – comme l’exige la loi – tout conducteur doit rester maître de son véhicule en toutes circonstances.
Mis en examen
Face à cette conduite considérée – a minima – comme imprudente, le jeune homme a été mis en examen pour homicide involontaire. Un délit défini par la maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposé conduisant à la mort d’autrui. Un délit puni de trois ans d’emprisonnement et de 45000 euros d’amende. Ce mercredi 6 juin, Thomas G. était convoqué à la barre du tribunal correctionnel pour répondre de ses actes. Pour s’expliquer face aux magistrats et surtout à quelques mètres seulement de toute une famille endeuillée venue entendre des explications. Tenter de comprendre l’impensable. Flash-back obligatoire sur ce dramatique début de journée de mai 2016. Les faits sont livrés par Mme Diwo, la présidente. Du factuel. Des expertises. Loin de l’émotion ressentie par les uns et les autres. Ce jour-là, le disparu n’a pas croisé la route d’un délinquant de la route. Thomas G., n’avait pas bu. Il n’avait pas consommé de stupéfiants. Il roulait même en deçà de la vitesse autorisée (60 km/h au lieu de 70). La camionnette, avec laquelle cet amoureux d’histoire et d’objets d’art circulait pour faire fonctionner son autoentreprise, était parfaitement entretenue. A trois minutes près, il avait quitté son père avec lequel il avait déjeuné pour poursuivre sa journée. À 14 h 03, Miquel F. poursuivait lui aussi son parcours le long de l’avenue qui longe la mer. Ganté, casqué, couvert d’un blouson de protection avec son chien calé dans un compartiment adapté, le quinquagénaire n’apparaît pas comme un homme imprudent. Et puis, il y aura un coup de frein. Un tiers véhicule qui débouche du carrefour rapidement. L’impossibilité pour le jeune conducteur d’éviter de percuter la moto.
Relaxe prononcée
À l’issue de l’instruction devant la chambre correctionnelle, M. Mirkovic, le représentant du parquet de Toulon, a évoqué la « vérité judiciaire », laissant le tribunal libre d’entrer ou pas en voie de condamnations. Une porte ouverte de l’accusation qui a notamment conduit Mme Diwo, la présidente a prononcé la relaxe. de Thomas G., dont la défense était assurée par Me Frédéric Frenzel, avec toute la délicatesse utile dans un contexte aussi sensible face à une famille meurtrie.
PEGGY POLETTO