Pollution: «On n’a pas attendu M. Hulot pour agir»
Gilles Vincent, vice-président de Toulon - Provence - Méditerranée, commente la « feuille de route pour la qualité de l’air » adressée à la Métropole par le ministre de la Transition écologique
C’est avec une pointe d’agacement que le maire de SaintMandrier et vice-président de Toulon - Provence - Méditerranée (TPM) en charge de l’environnement a pris connaissance du document, diffusé il y a quelques semaines par le ministère de la Transition écologique (notre édition du 28 mai). Sur la forme, Gilles Vincent regrette le terme de «feuille de route », qui laisse penser à des injonctions parisiennes. « Ce document est le fruit d’un travail que nous avons mené avec la préfecture, en bonne intelligence », souligne l’élu. Qui regrette encore que la communication ministérielle place l’aire toulonnaise, parmi les secteurs « particulièrement touchés » par la pollution. « Si nous le sommes, c’est au même titre que toutes les métropoles qui ont une autoroute qui traverse la ville. Je note d’ailleurs que les indicateurs sont orientés à la baisse. » Quant à la cinquantaine de propositions contenues dans le document, il estime certaines « floues », voire « irréalistes » alors que d’autres « préconisent des dispositifs déjà en place dans la métropole ». Tour d’horizon.
Réduire la vitesse sur l’A ?
Si la Métropole n’est pas vraiment concernée par la réduction de la vitesse sur les nationales (faute de portions à 90 km/h), reste la question des autoroutes. La feuille de route préconise l’extension des secteurs à 90 km/h « dans les zones périurbaines » et en particulier « sur les sections de l’autoroute A50 passant à proximité des quartiers ouest de Toulon ».« Une bonne chose », estime Gilles Vincent, même s’il appartient à l’État de la mettre en oeuvre.
Faire rouler des bus au gaz naturel ?
Dans deux ans, la Métropole devra désigner un nouveau délégataire pour son réseau de transport. L’occasion d’imposer un changement de mode de combustion ? « La feuille de route évoque le gaz naturel, moi je dis “Pourquoi pas l’hydrogène... ou le tout électrique”, je pense qu’on n’aurait pas dû le présenter comme ça. » Un quart des bus du Réseau mistral sont d’ores et déjà hybrides et roulent partiellement à l’électricité.
Vers un «Plan climat énergie territorial » ?
Le Plan climat air-énergie territorial (PCAET) est un outil de planification que les collectivités sont tenues de mettre en place dans le cadre de la transition énergétique. Celui de TPM se fait attendre. « Notre document était prêt, mais le gouvernement a demandé à ce qu’une étude environnementale supplémentaire soit réalisée. Nous l’attendons pour éditer le document. Il devrait sortir d’ici à la fin d’année », indique Gilles Vincent. Les objectifs du PCAET doivent ensuite être intégrés dans tous les documents stratégiques de la Métropole, comme les plans locaux d’urbanisme (PLU) ou le schéma de cohérence territoriale.
Une offre de transports plus lisible ?
La Région est censée fournir un outil web, permettant aux voyageurs d’optimiser leurs déplacements en proposant des itinéraires. La feuille de route préconise la refonte de cette « centrale de mobilité » afin de prendre en compte tous les modes de transports, y compris les modes doux ou le covoiturage. « Une bonne idée, estime Gilles Vincent. Cela permet de montrer aux citoyens, par exemple à ceux de Saint-Mandrier, qu’ils peuvent partir en voyage même très loin, sans avoir à prendre leur voiture. »
Des navettes maritimes % électriques ?
Traverser la rade sans consommer une goutte de carburant ? Pas une utopie, selon Gilles Vincent, particulièrement concerné par la question en tant que Mandréen. « Nous sommes en pleine réflexion sur ce dossier, mais je suis très optimiste. Il faut simplement prendre en compte toutes les contraintes (houle, vent). Peut-être que cela nécessitera-t-il de réduire la capacité en passagers pour alléger les bateaux et augmenter la cadence. »
L’impact des ferries et bateaux de croisière ?
La feuille de route préconise d’électrifier les quais du port pour permettre aux grands navires de se brancher et couper leurs moteurs. « En soit, ce n’est pas très compliqué d’amener l’électricité à quai. Mais il ne faut pas oublier que ces bateaux consomment beaucoup de mégawatts et que notre département souffre d’un important déficit électrique. De plus, il faut que les bateaux eux-mêmes soient en mesure de se brancher. » Des discussions sont en cours entre la Métropole, le délégataire du port (Chambre de commerce), les armateurs et compagnies maritimes. Selon Gilles Vincent, d’autres pistes sont peut-être à explorer, comme la création, par une filiale de Cnim, d’un « scrubber », sorte de filtre placé sur les cheminées, qui permettrait de capter les polluants émis par les bateaux.
Soutenir la rénovation énergétique des bâtiments ?
« L’objectif fixé par l’État de 500 000 logements rénovés par an n’est pas tenable, tranche Gilles Vincent. Cela représenterait 2 000 logements par an, rien que sur TPM. Quand on sait que ce genre de travaux coûte à chaque fois environ 10 000 euros... » TPM a mis en place le dispositif « Bien chez soi », qui accompagne les particuliers dans leur démarche d’amélioration de l’habitat.
Un nouveau méthaniseur à Hyères ?
Les émanations des déchets ou des eaux usées peuvent être captées et transformées en gaz qui peut être facilement injecté dans le réseau « classique » de gaz naturel. La Métropole a commandé à un cabinet spécialisé une étude sur la possibilité d’implanter des méthaniseurs sur son périmètre. « On a envisagé plusieurs scénarios. Le plus intéressant est de réaliser un méthaniseur supplémentaire au niveau de la station d’épuration d’Hyères», explique le vice-président de TPM. Selon lui, le projet pourrait aboutir d’ici à 2020.