Brigitte, un duo proche de son public
En tenue immaculée de jeunes mariées délurées la veille sur scène pour Do You Saint-Tropez, c’est en « civil », à l’ombre des platanes de la place des Lices, en marge d’une partie de pétanque endiablée, que l’on retrouve Sylvie Hoarau et Aurélie Saada, duo glamour-tonic plus connu sous le nom de Brigitte. Omniprésentes sur notre secteur cette année (1), les pétroleuses pop, bien que pressées d’aller taquiner le cochonnet, n’ont pas leur langue dans la poche au moment de pointer les questions.
Brigitte au pays de Brigitte Bardot, cela crée-t-il une dynamique particulière ?
Aurélie : Bizarrement, sur le moment, je n’ai pas réalisé que l’on était chez elle (rires). Mais nous n’avons pas choisi ce nom pour elle... On aime l’image, l’icône, quelque chose du passé, mais nous sommes peut-être moins sensibles à la femme actuelle...
Le port de Saint-Tropez, le Mas des Escaravatiers, la terrasse du Palais des Festivals... Vous produire dans des lieux atypiques cet été est-il aussi un carburant ?
Aurélie et Sylvie : C’est excitant en tout cas ! Et là, avoir été invitées par une association de copains pour la Fête de la musique, avec notre ami Jérémy Lippmann – un comédien et metteur en scène à la manoeuvre – c’est évidemment très plaisant.
Aurélie, sur scène vous rappelez que votre maman est psy. Qu’en est-il de votre père que vous définissez comme « bizarre et assez pervers » ?
Aurélie : Hou la la, c’est une drôle de question... Vous êtes prêt ? Là on aura pas le temps je pense...
(rires) En fait, j’ai un père très absent. C’est pour cela que j’ai écrit la chanson Mon intime étranger qui lui est dédiée sur le dernier album.
Justement, avec le recul, quel fruit a porté la mise à nu effectuée pour l’album Nues ?
Sylvie : (rires) Quelle autre drôle de question ! Aurélie : Une personne m’a écrit récemment : « En dévoilant des éléments de votre intimité, on a l’impression que vous vivez les mêmes choses que nous. Que vous
êtes ancrées dans la même réalité ». Et c’est ce qui lui plaisait dans notre travail : oser raconter la vérité, se mettre à nu... Dire qu’on a un père absent, que l’on est à bout parfois, que l’on est incapable d’aimer, que l’on aime encore un ex-mari, etc. Bref, assumer des douleurs, des travers, sa fragilité, une vulnérabilité... On vit dans un monde où il faut toujours assurer, mais on est pas tous capables d’assurer en fait...
Vous souvent êtes associées à la cause féministe : sacerdoce ou fil à la patte ?
Aurélie : C’est le combat, je l’espère de tous les êtres humains. En plus en ce moment il se passe plein de choses. Sylvie : On n’est pas des Femen, c’est sûr ! Nous n’avons pas de revendications féministes mais il y a plusieurs moyens de « combattre »... C’est un fondement humain. Comme dirait ma fille « C’est la base ! ». Aurélie : Oui, si c’est un étendard j’ai peur que ça devienne une mode. Il faut que ce soit un combat comme on lutte contre le racisme, la xénophobie, etc. Nous avons fait une chanson nommée Plurielle sur le droit d’être tout à la fois et ne pas être réduite à quelque chose...
(1) Elles affichaient complet hier, au Mas des Escaravatiers à Puget-sur-Argens. Elles seront le 17 juillet sur la terrasse du Palais des Festivals, à Cannes. Et le 30 novembre, au Silo, à Marseille.