«L’aspect “citoyenneté” est placée au coeur du dispositif»
Sophie Abelsador, responsable du pôle enseignement de la maison d’arrêt de Draguignan
Quel est l’objectif enseignement de du pôle la prison ?
Notre objectif n’est pas forcément d’orienter les personnes vers un diplôme. La Maison d’arrêt accueille des détenus pour de courts séjours, du coup, nous devons être efficaces, et rendre visible ce qu’ils sont capables de faire. C’est la raison pour laquelle nous ne cherchons pas seulement à transmettre du savoir, nous avons aussi une mission pour le savoir-faire et le savoir-être. Cet aspect “citoyenneté”, c’est déterminant, c’est le coeur du dispositif. Notamment quand on sait que le recrutement islamiste se fait en prison.
À quelles difficultés êtes-vous confrontés ?
Les détenus ont souvent une histoire lourde avec l’éducation, avec le monde scolaire. Il y a une barrière à franchir. Et pourtant, un bon enseignement a un bénéfice thérapeutique collatéral sur la restauration de l’image de soi.
Pour les enseignants, c’est un public particulier…
Le plus compliqué pour l’équipe enseignante, c’est de proposer des cours indépendants les uns des autres. Car des élèves sont là depuis plusieurs fois et se mélangent avec de nouveaux arrivants... Il arrive aussi que lors de nos évaluations, sur le module de positionnement, nous faisions face à un détenu qui se situe entre deux niveaux. Il peut se retrouver dans un cours qui n’est pas adapté. C’est un surf délicat sur une vague ténue.
Des problèmes de comportements ?
Pour certains comportements constatés lors des trois séances que comporte le module, nous pouvons mettre le détenu en “test”. Certains remettent en question l’autorité de l’enseignant, éprouvent ses limites. L’idée c’est de dire qu’on n’est pas au bar, et qu’on ne prend pas possession d’un cours. Alors, on explique lors de l’entretien individualisé qu’on sera attentifs à son comportement dans les prochaines semaines.
De quelle nature sont ces comportements ?
Certains ont du mal à différencier ce qui se dit et ce qui ne se dit pas. Ils emploient un ton égal, un langage égal, pour tout type de conversation. Il est important pourtant de faire la différence selon que l’on s’adresse à des copains dans un bar ou à un potentiel employeur.
Des nouveautés programmées pour la rentrée ?
Nous travaillerons avec la vidéo, pour voir aussi la question de la posture.