Kyle Eastwood fils de, et jazzman
D’autres n’ont jamais su sortir la tête de l’eau. Submergés par un patronyme trop écrasant, étouffés par un paternel trop brillant. Kyle Eastwood, fils de Clint donc, semble avoir échappé à la malédiction. Mieux, il a su tracer sa propre voie. À 50 ans, il est un bassiste et contrebassiste salué par ses pairs. Lundi dernier, quelques heures avant l’annulation du concert de son quintet au Nice Jazz Festival (NJF) en raison des intempéries, l’Américain francophile évoquait ses merveilleux souvenirs musicaux. Tout en regardant vers l’avant. Ce n’est pas la première fois qu’on vous voit à Nice… Je suis venu ici quelques fois ces deux dernières années, dans d’autres salles. Mais la dernière fois au Festival, ça devait être il y a près de dix ans [en , ndlr]. J’avais joué dans l’amphithéâtre romain, à Cimiez. De manière générale, j’aime alterner entre les salles de tailles différentes. Le côté intime est agréable. Mais quand tu as un bon public devant une scène en plein air... C’est bien quand les gens ne sont pas trop calmes l’été.
Vous semblez avoir un lien particulier avec la France… Je passe quelques mois ici chaque année. Je fais beaucoup de concerts à travers l’Europe et particulièrement en France. J’ai l’impression que les meilleurs festivals sont en France. Le public apprécie vraiment beaucoup de styles musicaux différents. Petit, vous viviez à deux pas du Monterey Jazz Festival. Vous en profitiez beaucoup ? Mon premier souvenir de concert se situe là-bas. Je devais avoir huit ou neuf ans, je me rappelle avoir été très impressionné. Le big band de Count Basie jouait ce soir-là. J’ai eu l’occasion de le rencontrer plus tard. Comme Sarah Vaughan, Stan Getz et d’autres. Le fait de voir ces gens sur scène m’a poussé à vouloir maîtriser un instrument. Vous vous êtes vite lancé ? Oui, c’est à peu près à cette époque que je m’y suis mis. Après avoir entendu ce big band, je n’avais qu’une envie : apprendre la batterie. Je n’ai pas réussi à convaincre ma mère de m’en acheter une ! Alors, j’en suis resté au piano. Ensuite, pour un film avec mon père, Honkytonk Man (), j’ai un peu appris la guitare. C’est votre père qui vous a initié au piano ? Oui, il m’a montré quelques trucs ! Ensuite, j’ai pris des leçons avec un vrai professeur. Après ça, j’ai attrapé une basse électrique et j’ai essayé d’apprendre par moi-même. Plus tard, Bunny Brunel m’a bien aidé [lire ci-dessous]. Musicalement, quelle est votre période fétiche ? J’ai une grande passion pour le jazz des années ou . Ces influences sont toujours très présentes. Pourquoi avoir appelé votre dernier album In Transit ? Comment fonctionnez-vous avec votre quintet ? Ce titre suggère l’idée de mouvement, dans le son par exemple. Puis, littéralement, nous sommes en train de voyager, alors… On va de l’avant, quelle que soit la destination. J’essaie toujours d’avoir un esprit positif. L’effort est toujours très collaboratif. Encore plus sur ce dernier album. Pareil sur scène. J’ai toujours voulu une formation équilibrée. Ce n’est pas juste un enchaînement de solos de basse. Comme ça, ça pourrait être super ennuyeux !