Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les drones bourdonnen­t au parc du Mercantour

De plus en plus d’usagers arpentent la réserve naturelle pour y faire des prises de vues aériennes. Problème, l’usage de ces objets volants pour le loisir y est interdit depuis un an

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Si le gypaète barbu a du mal à se reproduire dans le parc national du Mercantour, c’est bien loin d’être le cas pour les drones. «Sur le terrain, c’est tous les jours, ça a explosé depuis cette année », résume un policier du parc. Problème, contrairem­ent au vautour, il est interdit à cet objet volant identifié de survoler la réserve naturelle, pour le loisir. Or, de plus en plus de visiteurs s’en servent pour prendre des vidéos des paysages majestueux qu’offre le site. Constatant que les gens « ne sont pas au courant » de la législatio­n en vigueur depuis février 2017, le parc a fait un rappel à la loi, mardi, par voie de communiqué. Provoquant des débats sur le web entre ceux qui veulent préserver ce lieu et ceux qui estiment que leurs vidéos le mettent en valeur (lire par ailleurs). Alors, montrer ou protéger ? On fait le point avec Laurent Scheyer, directeur adjoint du parc.

La pratique a donc explosé ?

De plus en plus de gens montent avec ces engins. Et on comprend : la montagne est un superbe terrain de jeu. Devant les impacts, il nous a fallu légiférer en   pour interdire cette pratique à usage de loisirs dans la zone coeur du parc. Mais cela continue : on le voit sur les réseaux sociaux, où on trouve de plus en plus de vidéos.

Quel est le problème ?

Ça perturbe l’équilibre de survie des animaux. C’est beau de voir des bouquetins courir, mais ils sont effrayés par le drone et font des dépenses d’énergie superflues. Cela effraie aussi les marmottes, que les rapaces auront plus de mal à chasser. Et donc ces derniers peineront à nourrir leurs petits. Sans compter les risques de collision… Il est interdit de survoler la réserve à moins de   mètres d’altitude.

Les amendes sont-elles nombreuses ?

Ce n’est pas la catastroph­e… Mais dans un premier temps, nous voulons sensibilis­er les usagers de drones. Il faut faire attention aux animaux, mais aussi aux autres usagers du parc. C’est avant tout un lieu de quiétude et de contemplat­ion. N’oublions pas que les parcs nationaux ne couvrent que , % du territoire français. Il y a de la place ailleurs…

Comment obtenir une autorisati­on ?

Il faut que ce soit à des fins profession­nelles ou scientifiq­ues. Par exemple, nous travaillon­s sur un projet de prise de vue en ULM de l’ensemble des gravures de la

vallée des Merveilles. Le prestatair­e a indiqué que la période idéale pour le faire était au solstice d’été. Sauf que c’est à cette époque que les animaux ont leurs petits. Du coup, on a décalé à septembre. Tout ça pour vous dire que nous appliquons ces règles à nous-mêmes.

Bref, vous souhaitez garder la main…

Oui. Nous sommes garants de la tranquilli­té des espèces et il faut éviter les survols de drones, de planeur, d’hélicoptèr­es.

Tous font l’objet d’autorisati­on avec des plans de vols bien précis pour éviter les zones sensibles. Même du côté du col de la Bonnette, où il y a des rallyes de vieilles voitures, les organisate­urs

doivent demander une autorisati­on. Et il faut éviter qu’ils prennent des images. Vous pensez bien que cela ne colle pas bien avec l’image du parc National du Mercantour.

Certains disent pourtant qu’ils « valorisent le territoire »

Ils n’ont pas tort. Ces vues aériennes avec une caméra stabilisée… on est les premiers à trouver ça chouette. Sauf qu’il y a un impact indéniable sur la faune. De plus, le fait de diffuser ces images laisse à penser que

l’usage du drone est autorisé, ce qui sera pris comme un encouragem­ent.

« Une vraie démarche »

C’est l’argument de ces vidéastes modernes. « On n’est pas l’espèce de touriste qui balance son drone et qui monte ça avec une musique électro-débile juste pour faire le malin sur sa page, se défendait par message l’un d’eux, après la mise en ligne du communiqué du Mercantour. Il y a une vraie démarche dans ce qu’on fait ; déjà pour faire découvrir notre région, mais aussi pour sensibilis­er les touristes ».

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(Photo Franz Chavaroche)
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