Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’EXTENSION DU TRIBUNAL ENFIN SUR LES RAILS?

Sept ans après avoir transféré le terrain de l’ex-prison St-Roch à une société de valorisati­on foncière pour qu’il soit vendu, le ministère de la Justice veut reprendre la main sur le foncier

- CATHERINE PONTONE

Après avoir envisagé un temps de vendre le site de l’ancienne prison Saint-Roch, le ministère de la Justice annonce finalement que la cité judiciaire verra bien le jour. L’extension du tribunal est très attendue par les magistrats et avocats qui déplorent la vétusté du palais de justice.

Fausse joie dans la salle des pas perdus du Tribunal de grande instance. Le matériel et les engins de chantier apparus sur le terrain de l’ancienne prison Saint-Roch, mitoyen au palais de justice, ne sont pas liés au chantier de la cité judiciaire tant espérée depuis 2002. Il s’agit en fait de la base de vie de la société Eiffage, qui travaille sur la réfection des grands boulevards toulonnais. Fausse joie, mais réel espoir ? Seize ans après avoir été évoqué, le projet d’extension et de restructur­ation du palais de justice, absent du budget triennal 2013-2015 sous le ministère de Christiane Taubira pour contrainte­s budgétaire­s, refait surface. Doucement mais sûrement.

Vente du terrain aux privés suspendue

Sept ans après avoir transféré le terrain à la Sovapar 3, une des filiales de la Sovafim, société publique de valorisati­on foncière et immobilièr­e ayant pour actionnair­e unique l’État, le ministère de la Justice veut reprendre la main. Il a demandé dès 2017 à ladite société publique, propriétai­re du foncier, de « suspendre toutes ses opérations » à des fins de vente. Des promoteurs envisageai­ent de construire des bureaux avec, en pied d’immeuble, des commerces. Mais ils se sont heurtés depuis des années à la volonté farouche du maire, Hubert Falco, de réserver la destinatio­n du terrain uniquement « à une cité judiciaire ». D’ailleurs, dans le plan local d’urbanisme, la parcelle possède un intitulé spécifique. Délaissée par ses soins en 2011 malgré son engagement auprès des collectivi­tés (lire par ailleurs) , la Chanceller­ie entend rebattre ses cartes dans une partie qu’acteurs locaux et judiciaire­s espèrent vite terminer. Le but du ministère de la Justice ? « Permettre une reprise de la parcelle de terrain », comme le confirmait, fin janvier, Nicole Belloubet, garde des Sceaux, à la députée Geneviève Levy et au maire Hubert Falco. « La nécessité de rénover et de moderniser le palais de justice a été défendue par les chefs de juridictio­n et appuyée par les services de ministère », écrit la garde des Sceaux. Elle se dit «pleinement conscience des difficulté­s immobilièr­es, notamment de la répartitio­n des quatre sites des juridictio­ns, et du besoin d’extension du palais de justice » (lire par ailleurs).

Rachat du terrain : accord de la Sovafim

« Une réflexion est ainsi en cours pour savoir comment optimiser cette emprise », s’engage-t-elle. Pour que cette emprise de 5 773 m² retombe dans le giron du ministère de la Justice, fautil encore qu’elle soit rachetée. Par un courrier en date du 6 juillet, « nous avons confirmé notre accord pour le rachat par l’État de ce bien , confirme Jean-Claude Reverberi, responsabl­e de la valorisati­on auprès de la Sovafim. Cela se fera par abrogation de l’arrêté interminis­tériel du 22 décembre 2011 (co-signé par les représenta­nts des ministères du Budget et de la Justice, Ndlr) ». Sept ans plus tard, l’Etat rebat les cartes. Il va donc racheter le terrain qu’il avait cédé. Au même prix ? Rien ne filtre sur le montant. Il avait été estimé, par France Domaine, à l’époque, à 1,358 million d’euros, bien loin d’une première estimation en 2012 de 7,85 M€. Celle-ci avait été notifiée par acte notarié à la ville, découvrant ainsi le désengagem­ent de l’Etat... Mais toute démarche de cession n’a jamais été « acceptable » pour Hubert Falco, s’appuyant sur les engagement­s pris par le passé par le ministère de la Justice (lire par ailleurs). Mais l’heure n’est pas à la polémique des élus locaux, conscients du « besoin de ce projet.» «Si le ministère de la Justice confirme la programmat­ion de la cité judiciaire, la ville de Toulon et la communauté d’agglomérat­ion seront à nouveau à vos côtés pour en favoriser la mise en oeuvre », réaffirmai­t en 2016 Hubert Falco auprès de l’ancien garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas. Deux ans plus tard, « l’impérieuse nécessité de respecter les engagement­s pris au travers de la convention de 2009 », rappelée par le maire reste valable. La balle est dans le camp de l’État.

 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? Situé à l’entrée ouest, le terrain, propriété de la Sovafim, a intéressé de nombreux acquéreurs. Mais la volonté municipale de préserver la destinatio­n de la parcelle en « un parc urbain de la cité judiciaire » a contré les convoitise­s. La vente est désormais suspendue à la demande du ministère de la Justice.
(Photo Patrick Blanchard) Situé à l’entrée ouest, le terrain, propriété de la Sovafim, a intéressé de nombreux acquéreurs. Mais la volonté municipale de préserver la destinatio­n de la parcelle en « un parc urbain de la cité judiciaire » a contré les convoitise­s. La vente est désormais suspendue à la demande du ministère de la Justice.

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