Triple homicide du Cannet (): une plongée dans l’horreur
Après être montés quatre à quatre dimanche matin au troisième étage du 112 avenue Sadi-Carnot au Cannet, policiers et pompiers ont découvert Bernard Bitar, 31 ans, prostré sur le palier. Juste à côté de lui, à droite en sortant de l’ascenseur, l’appartement de l’horreur. Poussant la porte du trois pièces, les policiers découvrent alors les corps sauvagement poignardés de sa maman, « Yolla », 61 ans, de son père Georges, 78 ans et de sa soeur Bernadette 21 ans (nos éditions précédentes). Bernard Bitar est depuis toujours hospitalisé sous contrainte à Nice. L’expert psychiatre a jugé son discernement altéré. Quel avenir judiciaire ? S’il n’est pas déclaré irresponsable, Bernard Bitar pourrait être mis en examen dans le cadre de l’enquête ouverte pour « homicides volontaires avec préméditation. » Autre scénario possible : l’ouverture d’une information judiciaire. La journée d’hier a été consacrée aux auditions du voisinage, comme le confirme le procureur de la République de Grasse, Fabienne Atzori. Une idée obsède les enquêteurs : retracer, à défaut de comprendre, le macabre enchaînement des faits. Quelle haine profonde a bien pu pousser ce garçon introverti, au RSA, adepte de jeux vidéos, à assassiner ses parents et sa soeur ? Que pouvait-il reprocher à cette famille joyeuse, apparemment sans problème ? Sur ce point, les enquêteurs restent perplexes. « En l’état actuel des choses, rien n’indique qu’il y ait eu un acte déclencheur antérieur au drame », précise le procureur.
«Ils complotaient contre moi »
Un événement intrigue toutefois : samedi soir, à quelques heures de la tuerie, Bernard Bitar aurait fait une tentative de suicide. Quand les sapeurs-pompiers sont arrivés, le jeune homme était nu. Il affirmait vouloir en finir avec la vie. En garde à vue, le jeune homme a glacé les enquêteurs. Froid, précis, prolixe en détails morbides. Une plongée dans l’indicible. « Comme s’il y avait pris du plaisir. Notamment à tuer sa soeur », s’effraye un enquêteur. Bernard Bitar a affirmé en audition avoir « préparé, réfléchi, prémédité » la tuerie. «Tout a commencé dans une soirée quand j’ai compris que mes parents et ma soeur complotaient contre moi », a-t-il affirmé. Avant de prévenir son cousin et de s’accuser du crime, Bernard Bitar a d’abord tenté de maquiller son geste. L’idée : réorganiser la scène de crime. Faire passer son père pour l’auteur du massacre. Laisser croire que Georges, ne supportant pas d’avoir tué sa femme et sa fille se serait ensuite suicidé. Ce n’est qu’une fois sous la douche que Bernard Bitar aurait compris l’invraisemblance de sa mise en scène. Voilà pour le scénario, se basant sur ses déclarations et la scène de crime. Mais planent encore de nombreuses zones d’ombre. Une partie sera peut-être levée avec l’autopsie du père de famille qui s’est tenue hier et celles de « Yolla » et de Bernadette Bitar prévues aujourd’hui. La plongée dans l’horreur continue dans ce drame qui plonge les proches dans un effroi glaçant. Et dans l’incompréhension la plus totale.