Les illusions flétries
Les jours de remaniement sont aussi exaspérants que les soirs d’élection. Vous le savez, vous, si François de Rugy sera un bon ministre ? Moi non plus ! Pour la classe politique en revanche, l’affaire est déjà réglée. Emballé, c’est pesé : homme idoine pour la majorité, pantin qui sauvera à peine les apparences pour les oppositions. Les certitudes, il y en a tout de même, sont au nombre de trois : de Rugy est un authentique écologiste, doublé d’un tacticien roué. Un ambitieux docile, qui n’arrête plus de gagner au loto depuis un an et demi. Qui connaissait son visage avant la primaire socialiste de début ? Par l’un de ces miracles dont la politique a le secret, ses , % d’alors lui ont servi de marchepied vers les ors républicains. Dans la pure veine macroniste. Mais laissons François de Rugy voguer vers son destin. Férus d’écologie tant qu’elle ne troue pas leur bas de laine, c’est d’abord du maintien du prélèvement à la source que les Français discutent ce matin autour du petit noir. Depuis une semaine, les discoureurs de tout poil nous ont expliqué, avec un aplomb similaire, pourquoi le Président devait ou surseoir, ou persévérer. Là encore, l’avenir sera le juge de paix de sa décision. Entre deux maux, Emmanuel Macron a opté pour le moindre. Que n’aurait-on entendu, quelle volée de bois vert aurait-il endurée s’il avait renoncé, envoyant au panier une réforme qui a déjà coûté millions ? Jupiter aurait définitivement vécu, relégué au rang de pleutre en chef, au mieux d’illusionniste foireux. Le Président a posé un garrot et purgé la crise. Il n’est pas sorti de l’auberge pour autant. Son crédit dilapidé, il repart à zéro. En , par une improbable alchimie, il avait réussi à refaire croire en l’homme providentiel aux Français. Quinze mois plus tard, le réel l’a rattrapé. Depuis Pompidou et la fin de la croissance facile, plus aucun Président n’est parvenu à peser sur la situation économique du pays. Légalisation de l’avortement, abolition de la peine de mort, RTT, mariage pour tous, nos dirigeants n’ont changé la vie qu’en matière sociétale. Les défis de l’emploi, et maintenant de l’écologie, attendent toujours leur héros. Il ne crève plus les yeux.
« Depuis Pompidou, aucun Président n’a pesé sur la situation économique du pays. »