La prothèse de genou sur mesure fait son entrée Àlaune
L’étape a depuis longtemps été franchie pour les prothèses de hanche ; l’hôpital d’Antibes expérimente désormais le sur mesure pour le genou
Il en est ainsi: près de 20 % des patients porteurs de prothèse de genou, peu importe l’expertise du praticien qui a réalisé l’intervention, se disent déçus ou au moins insatisfaits du résultat. Attentes excessives? Problème technique? Mauvais positionnement ?… Cette problématique constitue un sujet de réflexion récurrent au sein de la communauté des chirurgiens orthopédistes. Il reste que les résultats sont là : « Seulement 60 % des personnes que l’on opère parlent de «prothèses oubliées»; un taux très inférieur à celui que l’on obtient pour la prothèse de hanche, dont la plupart des patients opérés finissent par oublier qu’ils en portent ! », relatent JeanYves Bohic et Khaled Bouacida, chirurgiens orthopédistes au Centre Hospitalier d’Antibes-Juan-les-Pins. Parmi les raisons invoquées pour expliquer ce succès de la prothèse de hanche, le « sur mesure ». Depuis des années déjà, sont en effet disponibles des modèles uniques conçus et réalisés pour s’adapter à l’anatomie de la hanche opérée. Forts d’une longue expérience clinique de ces prothèses de hanche sur mesure, les deux spécialistes se sont interrogés sur la pertinence de proposer l’équivalent au niveau du genou. Et ils sont « passés à l’acte » ce moisci en implantant trois Azuréens avec des prothèses de genou sur mesure. Une approche permise par l’évolution technologique. «Jusqu’à récemment, nous ne disposions que de prothèses de genou standards de taille croissante (environ six à sept) ; ce qui contraint, au cours de l’intervention, à faire des compromis sur le positionnement de l’implant sur tous les plans pour l’adapter au squelette du patient et au fonctionnement de son genou. Or, qui dit compromis, dit évidemment approximation et parfois déception dans le fonctionnement de la prothèse.» Si l’expérience du genou sur-mesure peut aujourd’hui être conduite, c’est en grande partie grâce à l’avènement de l’imprimante 3 D qui a déjà permis de produire des instruments personnalisés «Les guides de coupe sur mesure, adaptés au mm près aux reliefs des extrémités osseuses, nous ont d’ores et déjà permis d’accomplir des progrès majeurs en termes de positionnement des prothèses. » Et aussi d’accumuler de très nombreuses données, qui ont facilité le franchissement de cette nouvelle étape : proposer des prothèses totales de genou sur mesure, adaptées, par définition, aux particularités anatomiques du patient. Comment ça se passe ? « Avant l’intervention, les ingénieurs analysent les données 3 D du patient (axes mécaniques, poids, taille, orientations…). Ces données leur permettent de simuler informatiquement un implant idéalement morpho-adapté. C’est ensuite à une société experte dans le domaine qu’est confiée la mission d’imprimer en 3 D cette prothèse totale du genou (avec un matériau biocompatible).» Il est trop tôt et les patients qui en ont bénéficié trop peu nombreux pour conclure sur l’intérêt de ces prothèses. Mais, «théoriquement au moins, cette prothèse qui permet de reproduire au plus près la biomécanique de cette articulation complexe, devrait donner au final, un genou “oublié ”». Et c’est le rêve des milliers de Français qui ont mal et placent dans la prothèse de genou tous leurs espoirs d’en finir avec ces douleurs.