Que cache la douleur du pied? Soins
Du tiraillement au coup de massue, les sensations désagréables que l’on peut ressentir aux extrémités ne doivent pas être prises à la légère car elles peuvent cacher des pathologies
Le pied est un organe complexe dont le fonctionnement est pratiquement automatique et indolore. Toute douleur doit amener le patient à se questionner », résume le Dr Michel Maestro, chirurgien du pied et de la cheville à l’IM2S (Institut Monégasque de médecine et chirurgie du sport). Mais à partir de quand une gêne, une sensation désagréable devenue souffrance doit-elle inquiéter ? « La douleur est un problème bien plus complexe qu’il n’y paraît. Toute douleur est subjective, individuelle, intransmissible et intraduisible », rappelle le professionnel de santé monégasque. Le pied est l’organe qui assure principalement la locomotion et l’équilibration du corps. Pour cela, il possède une très riche innervation sensorielle et sensitive en particulier au niveau de la plante et des pulpes d’orteil. Il est donc extrêmement sensible mais indolore dans son fonctionnement normal. Pourtant nombreux sont ceux qui s’en plaignent… Souvent c’est « juste » un problème de chaussage. « Il faut adapter la chaussure au pied, et non l’inverse. Huit patientes sur dix portent des chaussures trop étroites, trop petites, surtout pour l’avant-pied et les orteils », remarque le Dr Maestro.
Changez de souliers !
Car ce sont les femmes les plus concernées avec le port d’escarpins pointus et trop hauts. Des « erreurs » commises sciemment pour des raisons esthétiques et de mode. Mais les conséquences peuvent être lourdes; un pied serré et donc paralysé dans une chaussure subit une compression avec une souffrance nerveuse et/ou musculaire. Les muscles situés dans le pied (les intrinsèques) vont perdre leur fonction et « fondre » ; ensuite, ce sont les articulations qui vont en pâtir. Une chose est sûre : in fine , les choses ne s’arrangeront pas d’elles-mêmes, elles ne pourront qu’empirer avec la déformation des orteils. Un programme assez peu engageant. Pour éviter cette issue, il est nécessaire de s’écouter et de consulter (quand le changement de souliers ne suffit plus). « La construction de la douleur est assez simple : c’est la sensation ressentie à la suite d’une agression des tissus du corps. Ils envoient un message. La douleur doit donc être perçue comme tel : un signal d’alerte», rappelle le Dr Maestro. Bien sûr, le seuil de tolérance varie d’un individu à l’autre. Aussi, pour résumer, « faut-il consulter à partir du moment où la douleur empêche de pratiquer un type d’activité ou quand elle devient pénible et durable, ou bien s’il y a des lésions de la peau ou un gonflement.» Autant ne pas passer à côté de quelque chose car on peut présenter des lésions qui risquent d’empirer.
Diagnostic incontournable
Et seul un spécialiste, en analysant la situation, pourra établir un diagnostic fiable. Et c’est primordial. « On ne peut pas soulager une douleur sans diagnostic. Par exemple, si on procède à une infiltration, certes on va calmer la douleur mais on risque surtout de masquer une éventuelle aggravation, prévient le Dr Maestro. Il faut bien comprendre que la douleur est un symptôme qui peut révéler aussi autre chose. D’autant que certaines lésions peuvent évoluer très vite. C’est le cas pour la polyarthrite rhumatoïde. S’il y a un gonflement articulaire, le muscle va souffrir: en huit jours il s’atrophie. Le risque, ce sont des déformations évolutives et irréversibles. Il y a aussi les douleurs projetées par souffrance du nerf sciatique par exemple, ou bien les douleurs engendrées par une