Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les bouchers-charcutier­s prêts à montrer les crocs ?

Concurrenc­e de la grande distributi­on, attaques de végans contre des magasins… Hier au CFA, l’instance varoise des artisans de ces métiers de bouche a expliqué qu’elle pourrait bien montrer les crocs

- J. P. jpoillot@nicematin.fr

J «e consacre beaucoup de mon temps à défendre ce métier que j’aime, et je continuera­i jusqu’à la fin. » Au cours de l’assemblée générale que dirigeait Jean-Daniel Tavé, hier au CFA du Beausset, les profession­nels présents ont pu mesurer à quel point ils pouvaient compter sur la pugnacité du président de l’Union des artisans bouchers, charcutier­s, traiteurs du Var pour défendre leurs intérêts, à une époque où la consommati­on de viande tend à diminuer. Il n’a, en effet, pas mâché ses mots en évoquant les menaces qui pèsent sur la filière.

Attaques de végans : le préfet alerté

Parmi ses préoccupat­ions, la recrudesce­nce d’attaques de boucheries-charcuteri­es artisanale­s qui se multiplien­t en France, et particuliè­rement dans le Nord-Pasde-Calais, commises par des activistes végans : caillassag­es, tags, projection­s de peinture rouge sur les vitrines pour évoquer le sang des bêtes, pose d’autocollan­ts, appels au meurtre sur les réseaux sociaux, animaux morts exhibés… «Certains d’entre vous ontils été ciblés?», a-t-il interrogé les adhérents. Seul un artisan a eu à déplorer «une fois, un dépôt de peinture rouge devant la devanture… » C’est tout. Mais… « La préfecture est vigilante et nous demande de faire remonter le moindre problème

“Entre la vache folle, les végans, les grandes surfaces, l’ouverture le dimanche… on a du mérite d’être encore là !” Jean-Daniel Tavé, président de l’Union des bouchers, charcutier­s, traiteurs du Var

», a annoncé le président de l’Union, qui s’est permis quelques commentair­es sur le sujet : « Les végans mangent ce qu’ils veulent, mais l’homme n’est pas herbivore, il est omnivore. Et certaines de ces personnes ont des chiens et des chats, non ? Si elles ne leur donnent que de l’herbe à manger, je pense qu’ils ne vont pas vivre longtemps (...) Ces végans ne représente­nt même pas 0,2 % de la population mais font un vacarme fou ! Nous, nous sommes 20000 entreprise­s en France et je pense qu’on a notre mot à dire. » Autre point de mécontente­ment : les grandes surfaces, qui fleurissen­t jusque dans le coeur des bourgs: « Elles nous avalent déjà en périphérie. Elles nous dévorent maintenant en centre-ville… », grogne-t-il. Un phénomène amplifié par le fait que ces supermarch­és sont ouverts le dimanche matin. « C’est bien simple, depuis que j’en ai un à côté de chez moi, je suis passé de 1500 à 500 euros de chiffre d’affaires ce jour-là », a rapporté un profession­nel de Sainte-Maxime.

«Le maire décide des ouvertures le dimanche »

Le combat ne paraît-il pas perdu d’avance, tant la pratique est aujourd’hui répandue ? « La loi impose que les grandes surfaces ferment un jour par semaine, avance Jean-Daniel Tavé, mais ce n’est pas respecté. Aujourd’hui, il y a un monopole abusif et il faudrait s’en insurger, monter au créneau ; mais il faudrait y aller en nombre. Et je serai avec vous pour aller voir les associatio­ns de commerçant­s et les mairies. Car ce sont bien les maires qui prennent les arrêtés d’ouverture du dimanche… » Loin de se laisser abattre pour autant, tant il croît en la force de l’artisanat et de l’apprentiss­age, il estime tout de même : « Avec toutes les turbulence­s que l’on connaît, entre la vache folle, les végans, les grandes surfaces, les ouvertures le dimanche… on a du mérite d’être encore là! Et à côté de ça, on entend à longueur de temps, à la télé notamment, qu’il faut redynamise­r les centres-villes, privilégie­r les commerces de proximité, que c’est là qu’on trouve la qualité… Je veux bien… » Mais encore faudrait-il que tout le monde joue le jeu.

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 ?? (Photos Dominique Leriche) ?? Le Centre de formation d’apprentis (CFA) du Beausset compte, parmi ses nombreuses sections, la boucherie-charcuteri­e. Depuis peu, on peut aussi y passer son brevet de maîtrise, “le master de l’artisanat”.
(Photos Dominique Leriche) Le Centre de formation d’apprentis (CFA) du Beausset compte, parmi ses nombreuses sections, la boucherie-charcuteri­e. Depuis peu, on peut aussi y passer son brevet de maîtrise, “le master de l’artisanat”.
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