Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les sculptures de Nathalie Bicais au centre d’art Sébastien

Les sculptures de l’artiste seynoise envoûtent actuelleme­nt le centre d’art Sébastien. L’occasion de comprendre sa démarche, qui va au-delà du plaisir des yeux

- J .P. jpoillot@nicematin.fr

Les “beautés fatales” de Nathalie Bicais ont investi le centre d’art Sébastien, interrogea­nt de leur regard profond les visiteurs. Le travail de la Seynoise consiste à sculpter des bustes et des visages de femmes tour à tour guerrières, insoumises ou insouciant­es, mais toujours sensuelles. L’amour de la terre qu’on pétrit et qu’on façonne est entré dans sa vie quand elle avait 11 ans, et ne l’a jamais quittée. Depuis, elle a aussi pris goût au bronze, dont elle apprécie autant la douceur des courbes que la rudesse du procédé. Elle fait d’ailleurs réaliser ses statues par des fonderies réputées: Barthélemy, dans la Drôme, ou celle de Massimo del Chiarro, en Toscane.

Une nouvelle inspiratio­n “manga”

C’est au début des années 2000 qu’elle a débuté cette foisonnant­e série, dont l’esthétisme pourrait se suffire à lui-même, tant par la technique maîtrisée que par le réalisme fantasmé de ces créatures. Sauf qu’il y a un sens à son oeuvre: «Un jour, en feuilletan­t un magazine, j’ai vu une pub Chanel sur laquelle une femme portant un collier semblait, par un traitement d’image, avoir un très long cou, à la manière des femmes girafes, en Afrique. J’ai réalisé à quel point le monde occidental ne cessait de puiser ses inspiratio­ns dans le continent africain.» C’est ainsi qu’on retrouve, dans la série de ses “femmes-totem”, ces mêmes très longs cous. Un critère de beauté devenu, sous ses mains, universel et qui, malgré les apparences, ne constitue aucunement une démarche ethnique. Chacune de ses créations est née de la seule imaginatio­n de l’artiste, qui mélange tout un panel d’élégances inspirées, en fait, du «brassage entre (sa) propre culture méditerran­éenne et les différente­s cultures que la mondialisa­tion a fait entrer dans notre quotidien ». Sa dernière série, en cours, et dont deux modèles sont visibles à Saint-Cyr, prend sa source dans l’univers manga. Des femmes, cette fois entières, au visage d’enfant et aux jambes interminab­les... Comme un écho aux critères de beauté surnaturel­s qui poussent des Japonaises à se faire opérer pour s’agrandir les jambes? Chacun est invité à percevoir ces oeuvres selon sa sensibilit­é, l’artiste étant la première à confier vouloir « avant tout se faire plaisir ». A voir jusqu’au 28 octobre.

Centre d’art Sébastien : 12, boulevard Jean-Jaurès, Saint-Cyr-sur-Mer Tél. : 04.94.26.19.20. Ouvert tous les jours, sauf lundi et mardi, de 10h à 12h et de 15h à 19h. Tarif : 1 euro. Gratuit pour les enfants.

Derrière la beauté manifeste des oeuvres de Nathalie Bicais, il y a un grand travail sur le regard : « Je cherche à faire jaillir la vie à travers la matière et à interroger sur le sens de l’humanité »

 ?? (Photos Dominique Leriche) ?? Nathalie Bicais jongle entre sa vie politique, son métier d’architecte et son art, dont elle ne pourrait pas se passer.
(Photos Dominique Leriche) Nathalie Bicais jongle entre sa vie politique, son métier d’architecte et son art, dont elle ne pourrait pas se passer.
 ??  ?? Nathalie Bicais et sa localement célèbre “Shana, Vierge noire”, dont un exemplaire trône devant le théâtre Galli, à Sanary... L’artiste seynoise a acquis au fil des ans une belle notoriété, et expose régulièrem­ent en France et à l’étranger.
Nathalie Bicais et sa localement célèbre “Shana, Vierge noire”, dont un exemplaire trône devant le théâtre Galli, à Sanary... L’artiste seynoise a acquis au fil des ans une belle notoriété, et expose régulièrem­ent en France et à l’étranger.
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