Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Débuter là, c’est extraordin­aire»

Près de 70 journalist­es étaient au Yacht Club de Monaco pour la première conférence de presse du nouveau coach de l’ASM : Thierry Henry. Formé sur le Rocher, il fera tout pour redresser l’équipe

- FABIEN PIGALLE

Pour sa présentati­on à la presse, Thierry Henry est apparu décontract­é et déterminé. Souriant et concentré à la fois. Il a beaucoup parlé, de son amour pour le maillot de Monaco, l’amour du jeu aussi. De l’équipe et de la tactique. Des entraîneur­s qui l’inspirent et de la mission qu’il s’est donnée. Il n’y a pas de doute, à  ans, l’ex-attaquant d’Arsenal a bien bossé depuis l’arrêt de sa carrière pour enfiler le costume de coach. Les différents courants de pensées sont assimilés. Reste à les partager avec ses joueurs et remonter la pente. Monaco est et il y a de quoi se méfier du déplacemen­t samedi à Strasbourg. Voilà pourquoi l’ambiance n’était pas vraiment à la fête, même si ce jour est à marquer d’une pierre blanche. Le gamin des Ulis arrivé au centre de l’ASM en  est désormais à la barre du navire. Prêt à affronter la tempête.

Vous démarrez votre carrière d’entraîneur là où tout a commencé. Que ressentez-vous ?

Merci au président et au vice-président, ainsi qu’au directeur sportif de m’avoir donné l’opportunit­é de revenir à la maison. De retourner à la case départ. Merci pour ça. J’ai une longue histoire, vous connaissez mon attachemen­t pour un club à Londres (Arsenal)… mais tout a commencé ici. C’est là que j’ai marqué mon premier but. Avoir l’opportunit­é de débuter là, c’est extraordin­aire. J’ai été formé là. Je suis un petit du centre, mais le petit a bien grandi, je suis passé de l’autre côté de la ligne. C’est le choix du coeur. J’espère redresser la barre dans un projet commun… du directeur au cuisinier, pas seulement mon staff et moi.

Que pensez-vous de l’effectif de l’ASM et quel objectif vous fixez-vous ?

Premièreme­nt : il faut penser à Strasbourg (samedi h). On a des joueurs qui sont partis en sélection et pourtant il faut essayer de faire passer nos concepts malgré les absences. Le moral n’est pas au plus haut. Ce n’est pas évident de préparer un match dans ce contexte. Ce n’est pas une excuse, c’est un fait. Le futur ? Je préfère m’inscrire dans le présent. Parce que la situation n’est pas facile. Il va falloir trouver un équilibre et mettre en confiance les joueurs. Retrouver de la joie et une certaine sécurité… éviter de prendre des buts. Quand on n’en prend pas, on a quand même plus de chances de l’emporter. Ce dont l’équipe a besoin aujourd’hui, ce n’est pas forcément ce qu’il faudra faire dans un mois ou deux.

Avez-vous hésité à revenir en France, où la presse n’a pas toujours été tendre avec vous ? Et pourquoi Monaco plutôt que Bordeaux ?

Je ne parlerai pas de Bordeaux. Concernant la France, ce n’est vraiment pas un problème. J’ai fait le deuil de ma carrière de joueur, vous savez. Si un jour vous voulez me parler de quelques matches où j’ai été bon ou pas bon, on peut en parler… mais c’est fini tout ça. C’est derrière moi. Maintenant, je suis coach et il faut travailler pour faire comprendre ce que j’attends de l’équipe à l’instant T. On préférerai­t toujours prendre l’équipe en début de saison, bien préparer les joueurs, faire passer les idées etc. Bloc haut ou bas, joueurs écartés ou qui repiquent… je vais trop loin déjà (sourire). ne serait pas très intelligen­t d’expliquer comment on va faire… Mais il faut essayer de retrouver de l’assurance. D’être tactiqueme­nt en place quand on a le ballon et quand on ne l’a plus.

Quel genre d’entraîneur aimeriez-vous être ? Plutôt dans la rigueur ou dans l’affectif ?

Il faut un peu de tout. Vous m’avez connu comme joueur et il y a une chose qui ne change pas : quand on travaille, on travaille. Après, il y a des moments où il faut rigoler et prendre du plaisir. Mais la rigueur, c’est important. Car si tu n’es pas prêt physiqueme­nt, tu ne peux pas aller sur le terrain pour appliquer les consignes du coach. J’aime le dialogue, j’aime rigoler… mais le travail, c’est sacré. Il y aura énormément d’intensité.

Avez-vous échangé avec Leonardo Jardim ?

Non, je n’ai pas parlé avec le coach qui était là avant moi. Mais je tiens à le remercier pour son travail car il restera à jamais dans l’histoire de l’AS Monaco. Merci pour ce qu’il a fait. Personnell­ement, je lui souhaite bonne chance pour la suite.

Que pensez-vous du projet de l’ASM et du fait de perdre chaque année vos meilleurs joueurs ?

Ce qui m’importe, c’est le match de Strasbourg et les joueurs qui sont aptes à jouer. Après, quand ça redeviendr­a un peu plus calme, nous pourrons reparler d’autre chose. Mais pour ce genre de question, il y a le viceprésid­ent à côté de moi (il était présenté au côté de Vadim Vasilyev). Moi, je suis là pour coacher l’équipe.

Avez-vous échangé avec l’entraîneur de Nice, Patrick Vieira sur les joueurs français et leur mentalité ?

J’ai parlé à Pat’. On n’est pas loin. Pour moi, c’est juste une question de génération. Si on reste avec le souvenir de comment ça se passait quand nous étions plus jeunes, il va y avoir une cassure. Ce n’est pas évident… Mais c’est pareil dans tous les pays. Il faut s’adapter et être patient.

Parlez-nous un peu de votre staff et de son rôle…

Pour moi, c’est important d’être entouré d’un staff capable de te dire “non”. D’être challengé, d’avoir une autre vision du foot, mais en ayant la même idée. Juste une approche différente sur comment attaquer ou comment être plus équilibré. Je ne veux pas de personnes autour de moi qui ne savent dire que “oui”. Il faut être dans la discussion.

Ressentez-vous du stress ?

Non. Il y a beaucoup de travail, mais pas de stress. Je ne vais pas vous dire que je ne ressens rien. Il y a cette petite flamme à l’intérieur qui titille ton esprit… mais pas de stress.

Il y aura énormément d’intensité ”

Pensez-vous pouvoir terminer sur le podium ?

Tant qu’il y a des points à prendre, tout est possible. Mais c’est vrai qu’on a pris du retard.

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? De gauche à droite : Carlo Spignoli, Kwame Ampadu, Thierry Henry, Michaël Emenalo, Joao Tralhao et André Amitrano.
(Photo Jean-François Ottonello) De gauche à droite : Carlo Spignoli, Kwame Ampadu, Thierry Henry, Michaël Emenalo, Joao Tralhao et André Amitrano.

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