Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Haro sur l’automobili­ste !

- DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Mais quel sens du timing ! Au moment où le prix du gasoil à la pompe dépasse celui de l’essence, annoncer à des automobili­stes déjà passableme­nt remontés qu’il faudra bientôt payer pour circuler dans les grandes villes frise le génie. Des péages à l’entrée des agglomérat­ions pour fluidifier le trafic et diminuer la pollution, l’idée n’est ni très nouvelle ni, dans le fond, totalement incohérent­e. Elle risque juste de se révéler terribleme­nt impopulair­e du côté des usagers de la route et carrément suicidaire pour les maires qui seraient tentés de s’engager dans cette voie glissante à un an et demi des municipale­s. En 2018, l’image éculée de l’automobili­ste vache à lait n’a malheureus­ement jamais été aussi proche de la réalité. Les conducteur­s, incités pendant des années par les gouverneme­nts successifs à acheter au prix fort des véhicules diesel économes mais polluants sont aujourd’hui sévèrement sanctionné­s à la pompe où l’Etat prélève 60 % de chaque plein. Dans les agglomérat­ions où l’Etat s’apprête à réinventer l’octroi, les péages existent déjà sous la forme du stationnem­ent payant et des amendes dont la fréquence et les tarifs ont totalement explosé cette année. Depuis le 1er juillet, la limitation à 80 km/h sur le réseau secondaire a multiplié par deux le nombre de flashs sans rendre, pour autant, les routes moins dangereuse­s, ce que les chiffres inquiétant­s de septembre ont confirmé hier. Qu’importe : les recettes des radars devraient rapporter plus d’1,2 milliard d’euros en 2019. Voilà bien une affaire qui roule ! Faut-il pour autant ne rien faire en se résignant à vivre dans des centres-ville engorgés et pollués ? Bien sûr que non. Mais si, au lieu de taper encore une fois l’automobili­ste au portefeuil­le, on préférait par exemple étendre les primes à la conversion pour l’achat d’autos plus propres et augmenter les aides pour l’acquisitio­n de véhicules électrique­s ou hybrides, encore réservés à une clientèle huppée ? Alourdir encore la facture, c’est oublier un peu vite que la voiture est une obligation, pas un luxe, pour une majorité de Français. Et que les automobili­stes sont aussi des électeurs.

« Alourdir encore la facture, c’est oublier un peu vite que la voiture est une obligation, pas un luxe, pour une majorité de Français. »

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