Le bruit et la fureur : le retour
A en croire Jean-Luc Mélenchon, Sofia Chikirou, qui fut sa directrice de la communication pour la présidentielle, est une très grande professionnelle. Une as de la com. On le croit volontiers, si l’on en juge par la correction d’image spectaculaire opérée en - pour faire oublier le Mélenchon du « bruit et de la fureur », métamorphosé le temps d’une campagne en humaniste débonnaire. Peut-être aurait-il été bien inspiré de faire appel à ses services pour préparer la conférence de presse d’hier, destinée à reprendre la main, après la calamiteuse séquence de la perquisition. Ou peutêtre en a-t-il été empêché du fait que Sofia Chikirou, à la même heure, répondait des soupçons de surfacturation qui pèsent sur elle. Le fait est que l’on voit mal comment la longue, l’interminable diatribe du leader de la France insoumise pourrait être de nature à gagner l’opinion à sa cause. En trois jours, d’ordinaire, la colère a le temps de retomber. Là, non. Ce furent trois quarts d’heure d’imprécations, une philippique furibonde contre le pouvoir macronien, épicée d’attaques ciblées contre la ministre de la Justice, le rapporteur de la commission des comptes de campagne (« être vil et dégénéré »), tels journalistes traités de « Jean-foutre
», telle autre de «plumeàgages» . Même les socialistes et les écologistes eurent droit à leur paquet, coupables d’avoir manqué à la solidarité. Mélenchon, « tribun du peuple », contre les forces coalisées du système. Aucun échange ne fut possible, aucun mea culpa esquissé. Des arguments factuels touchant aux procédures furent avancés. Des questions soulevées – sur la protection des données des partis, par exemple – qui ne sont pas illégitimes. Mais tout cela roulait comme des cailloux dans le torrent sans qu’on ait le temps de les examiner. Ne surnageait qu’une thèse, ressassée : il n’y a pas « d’affaire ». Rien d’autre que « l’offensive politique » d’un pouvoir « entré en agonie » qui instrumentalise la police, la justice et les médias pour tenter de « faire tomber la France insoumise ». Manquaient les preuves d’un si noir et vaste complot… Les convaincus s’en passeront. Sur le coeur de cible, les réseaux sociaux en témoignent, la rhétorique mélenchonienne porte. Et plus largement, chez ceux qui, d’un bout à l’autre de l’arc politique, vomissent la macronie. Mais au-delà ? En considérant le leader de la France insoumise, ses excès, ses emportements, les faiblesses qu’ils révèlent, on ne pouvait s’empêcher de penser que pour Macron, la chute de la maison Mélenchon ne serait pas une si bonne affaire.
« Sur le coeur de cible, les réseaux sociaux en témoignent , la rhétorique mélenchonienne porte. »