Var-Matin (La Seyne / Sanary)

NOS CASQUES BLEUS SUR LE QUI-VIVE AU SUD LIBAN

- Envoyé spécial : PIERRE-LOUIS PAGÈS Photos : P.-L. P. et DR

Dans les pas de notre reporter, en immersion exceptionn­elle, sur le terrain, avec les marsouins du 21e Régiment d’infanterie de Marine de Fréjus. Ils participen­t à la Force intérimair­e des Nations unies (Finul) au Liban, au service de la paix. Une unité du 54e Régiment d’artillerie, basée à Hyères, est également sur les lieux.

Créée en 1978, la Force intérimair­e des Nations unies au Liban (Finul) fête ses quarante ans cette année. Quarante ans au service de la paix dans une région du monde les plus instables : le Moyen-Orient. Quarante ans au cours desquels les casques bleus français – 35 000 au total – auront toujours été présents. Parmi eux, de très nombreux militaires varois. Immersion avec les marsouins du 21e Régiment d’infanterie de Marine de Fréjus, dans ce Sud Liban, sous très forte influence chiite et qui partage une frontière avec « l’ennemi » israélien

Maintenir la paix passe aussi par la bataille des coeurs et des esprits. Un concept cher au général Joseph Gallieni, ancien de l’infanterie de Marine, et son disciple Hubert Lyautey. Plus de 150 ans après la disparitio­n de leurs illustres aînés, les marsouins du 21e Régiment d’infanterie de Marine de Fréjus n’ont rien oublié des leçons du passé. Et si leur mission de maintien de la paix au Liban n’a rien d’une guerre coloniale, les casques bleus varois ne manquent pas d’agir au profit de la population civile et des infrastruc­tures du pays. Au tout début du mois d’octobre, ils viennent ainsi d’inaugurer un préau dans l’école publique d’Houla, village sous influence du mouvement Amal, très majoritair­ement chiite, situé tout proche de la frontière avec Israël. Une zone par nature sensible. Pour preuve ces missiles et canons hors d’usage disposés sur le bord des routes et ostensible­ment pointés vers l’ennemi du sud. Non sans humour, certains soldats français ont d’ailleurs rebaptisé la commune « Houlala ». Si elle symbolise l’amitié historique qui lie la France et le Liban, la constructi­on de ce préau est tout sauf désintéres­sée. « Ça favorise l’acceptatio­n de la force dans son environnem­ent. En participan­t à ce type d’opération, on protège la force et on montre que le soldat français n’est pas qu’un militaire qui patrouille en blindé », déclare le capitaine Benoît, responsabl­e des Cimic au sein de

(1) l’opération Daman, la contributi­on française à la Finul. Même si le budget (quelques dizaines de milliers d’euros par an) alloué à ces actions civilo-militaires est à la baisse, les Libanais du sud, dont le territoire a été détruit à 80 % à l’été 2006, apprécient visiblemen­t l’aide de l’armée française. Et en redemanden­t. Outre les remercieme­nts un rien convenus, Ziad Ghanawi, vice-président de la communauté de communes d’Houla, réclame « plus de soutien pour l’apprentiss­age du français, sous formes de livres ou de séjours linguistiq­ues ». Face aux assauts de l’anglais, la langue de Molière a reculé ces dernières années mais semble amorcer un sursaut. Ainsi, l’école publique d’Houla compte trois classes de français lors de cette rentrée, contre zéro l’an dernier. Quant au concours de la francophon­ie, il rencontre de plus en plus de succès. Ce qui fait dire au capitaine Benoît: « L’armée française porte la francophon­ie au Liban. » 1. Civil Military Cooperatio­n.

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Grâce aux militaires français de la Finul, l’école publique d’Houla dispose désormais d’un préau flambant neuf, bien utile pour s’abriter des pluies d’automne.
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Le sergent Alexis, du e Régiment d’infanterie de Marine, lors d’une patrouille sur la frontière entre le Liban et Israël, la fameuse Blue Line. Progressiv­ement, les fûts bleu Nations unies sont remplacés par un mur en béton.

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