Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La grogne des maires ruraux se mue en colère

La fronde s’est exprimée hier, lors de l’assemblée générale de l’associatio­n des maires ruraux du Var, contre les décisions prises par les gouverneme­nts successifs et l’Assemblée nationale

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Un déluge de reproches s’est abattu sur les représenta­nts de l’État et de l’Assemblée nationale, présents hier à Entrecaste­aux, à l’assemblée générale de l’associatio­n des maires ruraux du Var (AMRV). Ces critiques portent sur l’avalanche législativ­e, la multiplica­tion des normes imposées, la baisse des dotations, la disparitio­n progressiv­e des recettes provenant de la taxe d’habitation sans en connaître la compensati­on, etc.

Eau et assainisse­ment : la douche froide

Mais aussi bien d’autres sujets (loi GEMAPI, fermeture des services publics ou des dessertes ferroviair­es, limitation de vitesse à 80 km/h, hausse des taxes sur les carburants, accès à la téléphonie et au haut débit…), vus comme autant de bâtons mis dans les roues des maires et d’inégalités au détriment des habitants des territoire­s ruraux. Paris est accusé de vouloir la peau des communes au profit des intercommu­nalités et des métropoles. Le transfert de la compétence eau et assainisse­ment obligatoir­e en 2020 pour les communes adhérentes à une communauté d’agglomérat­ion, et le sursis sous conditions jusqu’en 2026 à cette obligation pour celles d’une communauté de communes, sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les maires ruraux n’y opposent pas tous une fin de non-recevoir mais réclament «le droit d’avoir le choix ». Ils demandent, comme l’a indiqué André Guiol, président de l’AMRV, « la fin des transferts obligatoir­es de nos compétence­s, l’arrêt des ponctions budgétaire­s improvisée­s ou toutes autres décisions concernant nos recettes. ».

Une riposte aux lois « ruralicide­s »

Ils souhaitent aussi qu’on intègre «la notion de territoire et de ruralité dans l’article 1 de la Constituti­on pour mettre fin aux lois ruralicide­s. C’est une vraie bagarre qu’on doit mener ». Les maires ruraux ont décidé, à l’unanimité, lors de leur congrès national fin septembre, de boycotter la transmissi­on des résultats des élections européenne­s aux préfecture­s et à la presse, obligeant les fonctionna­ires à se rendre dans les mairies aux heures ouvrables pour venir les récupérer. « Chaque maire garde la liberté de le faire ou pas », a prudemment précisé M. Guiol. « À part embêter la préfecture, je ne vois pas ce que ça va changer. On est mou du genou. Je ne pense pas que l’exécutif tremble », s’est désolé Yannick Simon, maire de Cabasse… Plusieurs élus ont rappelé que les communes sont au service de la République avec leur double casquette étatique et territoria­le. L’atteinte à cet équilibre est à leurs yeux une porte ouverte aux partis non démocratiq­ues. Serge Jacob, secrétaire général de la préfecture, représenta­nt le préfet, a tenté d’apaiser la fronde : «Laruralité pour moi, c’est une chance, un impératif. Elle est majoritair­e aujourd’hui en France. (...) Nous sommes mobilisés, attentifs, à votre dispositio­n ».

(1) Étaient présents les députés Sereine Mauborgne, Fabien Matras, Jean-Louis Masson; les sénateurs Pierre-Yves Collombat, Claudine Kauffmann, Christine Lanfranchi; Philippe Vitel, représenta­nt le conseil régional; Françoise Dumont, représenta­nt le conseil départemen­tal; les représenta­nts des services de l’État dans le Var, de la gendarmeri­e, du service départemen­tal d’incendie et de secours (SDIS)...

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(Photos Luc Boutria) Les maires ruraux ont le sentiment que l’exécutif veut la mort des communes.

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