La grogne des maires ruraux se mue en colère
La fronde s’est exprimée hier, lors de l’assemblée générale de l’association des maires ruraux du Var, contre les décisions prises par les gouvernements successifs et l’Assemblée nationale
Un déluge de reproches s’est abattu sur les représentants de l’État et de l’Assemblée nationale, présents hier à Entrecasteaux, à l’assemblée générale de l’association des maires ruraux du Var (AMRV). Ces critiques portent sur l’avalanche législative, la multiplication des normes imposées, la baisse des dotations, la disparition progressive des recettes provenant de la taxe d’habitation sans en connaître la compensation, etc.
Eau et assainissement : la douche froide
Mais aussi bien d’autres sujets (loi GEMAPI, fermeture des services publics ou des dessertes ferroviaires, limitation de vitesse à 80 km/h, hausse des taxes sur les carburants, accès à la téléphonie et au haut débit…), vus comme autant de bâtons mis dans les roues des maires et d’inégalités au détriment des habitants des territoires ruraux. Paris est accusé de vouloir la peau des communes au profit des intercommunalités et des métropoles. Le transfert de la compétence eau et assainissement obligatoire en 2020 pour les communes adhérentes à une communauté d’agglomération, et le sursis sous conditions jusqu’en 2026 à cette obligation pour celles d’une communauté de communes, sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les maires ruraux n’y opposent pas tous une fin de non-recevoir mais réclament «le droit d’avoir le choix ». Ils demandent, comme l’a indiqué André Guiol, président de l’AMRV, « la fin des transferts obligatoires de nos compétences, l’arrêt des ponctions budgétaires improvisées ou toutes autres décisions concernant nos recettes. ».
Une riposte aux lois « ruralicides »
Ils souhaitent aussi qu’on intègre «la notion de territoire et de ruralité dans l’article 1 de la Constitution pour mettre fin aux lois ruralicides. C’est une vraie bagarre qu’on doit mener ». Les maires ruraux ont décidé, à l’unanimité, lors de leur congrès national fin septembre, de boycotter la transmission des résultats des élections européennes aux préfectures et à la presse, obligeant les fonctionnaires à se rendre dans les mairies aux heures ouvrables pour venir les récupérer. « Chaque maire garde la liberté de le faire ou pas », a prudemment précisé M. Guiol. « À part embêter la préfecture, je ne vois pas ce que ça va changer. On est mou du genou. Je ne pense pas que l’exécutif tremble », s’est désolé Yannick Simon, maire de Cabasse… Plusieurs élus ont rappelé que les communes sont au service de la République avec leur double casquette étatique et territoriale. L’atteinte à cet équilibre est à leurs yeux une porte ouverte aux partis non démocratiques. Serge Jacob, secrétaire général de la préfecture, représentant le préfet, a tenté d’apaiser la fronde : «Laruralité pour moi, c’est une chance, un impératif. Elle est majoritaire aujourd’hui en France. (...) Nous sommes mobilisés, attentifs, à votre disposition ».
(1) Étaient présents les députés Sereine Mauborgne, Fabien Matras, Jean-Louis Masson; les sénateurs Pierre-Yves Collombat, Claudine Kauffmann, Christine Lanfranchi; Philippe Vitel, représentant le conseil régional; Françoise Dumont, représentant le conseil départemental; les représentants des services de l’État dans le Var, de la gendarmerie, du service départemental d’incendie et de secours (SDIS)...