Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sauvetage héroïque !

De nuit, n’écoutant que leur courage et accompagné­s par le profession­nalisme de deux policiers, deux promeneurs âgés de 29 ans se sont jetés à la mer pour un glorieux sauvetage

- JEAN-MARC VINCENTI jmvincenti@nicematin.fr

Miraculée ! Grâce à la présence d’esprit et au courage de deux promeneurs, doublés du profession­nalisme de deux policiers de la brigade de nuit du commissari­at de La Ciotat, une sexagénair­e, domiciliée à La Ciotat, a été sauvée in extremis de la noyade, dans la nuit de vendredi, au bord de la plage Cyrnos. Il était 23h30 environ. «Après un entraîneme­nt de volley, on se baladait sur le bord de mer, en sortant le chien, quand on a été interpellé­s par une silhouette, habillée avec une doudoune qui avait de l’eau jusqu’aux hanches et une démarche très lente, à une vingtaine de mètres du bord de mer », racontent Karl Vinclair, Ciotaden, géomètre topographe, et Hugo Dubos, ingénieur dans l’énergie, un ami domicilié à Fresnes (Val-de-Marne), venu lui rendre visite pour le week-end.

“On n’a plus vu qu’une tête“

Sur l’allée Lieutenant-colonel-Arnaud-Beltrame déserte – « à part quelques groupes de jeunes que l’on a croisés il n’y avait pas grand monde » – les deux amis d’enfance ont du mal à croire ce qu’ils semblent voir : « On s’est dit que ce n’était pas normal. L’allée était éclairée mais au-delà on ne voyait pas trop bien. C’était très bizarre… La silhouette avançait lentement vers le large, et très vite on n’a distingué plus qu’une tête. » À ce moment-là, le salut ou le destin semble prendre la forme de la voiture de patrouille de la brigade de nuit du commissari­at qui passe sur l’avenue du présidentW­ilson, à hauteur de l’allée.

Les policiers croient à une blague

Mais hélas les témoins n’arrivent pas à héler les deux fonctionna­ires de police présents à son bord. « Quelques instants plus tard, la voiture est passée dans l’autre sens et nous avons pu interpelle­r les policiers », poursuit Karl Vinclair qui, tandis que son ami était sur le bord de la route, appelait et demandait si tout allait bien à la personne dans l’eau. Sans réponse, hormis « peut-être un petit mouvement de tête ». «Nous avons d’abord cru à une blague… Pour nous faire aller à la mer », reconnaît le brigadier Bruno P., à bord du véhicule avec son binôme, le gardien de la paix Thierry. L. Mais les deux policiers, profession­nels aguerris, sortent de leur voiture et montent sur les rochers d’une digue proche pour éclairer la mer avec leur torche électrique. L’un d’eux téléphone et demande le secours des pompiers. «Nous avons vu une forme immobile, avec des vêtements », témoignent-ils.

“Comme si on ramenait un cadavre“

Sur la plage, dans le halo lumineux, les deux lanceurs d’alerte sont maintenant bien sûrs qu’il s’agit du corps d’une personne qui se dessine… « On s’est regardés et on s’est dit : il faut qu’on aille à l’eau, raconte Hugo Dubos. On s’est mis en caleçon et on a plongé… On est arrivé assez rapidement au niveau du corps inanimé d’une dame qui flottait sur le ventre, la tête dans la mer. On l’a retourné et on vu qu’elle avait avalé de l’eau. » « La première chose que m’a alors dite Hugo c’est : “elle est morte”, coupe Karl Vinclair. Ça nous a glacé le sang. On a eu l’impression de ramener un cadavre sur la plage. » Sur la terre ferme, les policiers prennent le relais : «On l’a d’abord mise sur le dos et on a essayé de lui faire un massage thoracique, mais elle avait les poumons pleins d’eau. On l’a alors mise sur le côté et on s’est coordonné pour lui faire une compressio­n, raconte le brigadier P. Elle a alors régurgité énormément d’eau et en moins d’une minute elle a commencé à respirer. Elle a fini par ouvrir les yeux. On a poursuivi les soins jusqu’à l’arrivée des pompiers que nous avions relancés. »

la victime est toujours dans le coma

Les sapeurs-pompiers qui ont pris en charge la victime ont fait appel au médecin du Smur. La femme, âgée de 63 ans, qui était connue des services de police pour avoir déjà tenté de mettre fin à ses jours, a été transporté­e jusqu’à un hôpital de Marseille, où elle était hier toujours dans le coma. C’est donc la piste de la tentative de suicide qui est privilégié­e par les enquêteurs. «C’est le comporteme­nt de Karl et d’Hugo qui est fabuleux, à notre niveau nous n’avons fait que notre travail », louent les deux policiers avec modestie. «Nous sommes contents d’avoir agi comme on l’a fait », concluent les deux jeunes sauveteurs, qui prendront des nouvelles de la sexagénair­e à qui ils ont sauvé la vie.

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(Photos Dominique Leriche) De gauche à droite sur la plage Cyrnos où ils ont sauvé une sexagénair­e de la noyade : le gardien de la paix Thierry L., Hugo Dubos, Karl Vinclair et le brigadier Bruno P.
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C’est en contrebas de l’allée Lieutenant-colonelArn­aud-Beltrame, qu’une dame âgée de  ans a vraisembla­blement tenté de mettre fin à ses jours.

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