Brexit : Theresa May prise en étau dans sa majorité
C’est un long chemin de croix pour Theresa May que lui fait vivre le Brexit. Après ses déconvenues des jours précédents, la Première ministre britannique Theresa May a obtenu, hier, une bouffée d’oxygène dans sa défense acharnée du projet d’accord sur le Brexit, en trouvant le soutien de deux poids lourds europhobes de son gouvernement et un remplaçant au ministre démissionaire du Brexit. Stephen Barclay, 46 ans, avocat spécialisé dans la réglementation financière et eurosceptique, remplace Dominic Raab qui avait jeté l’éponge jeudi, un coup dur pour la cheffe du gouvernement. L’europhile Amber Rudd, qui avait démissionné de l’Intérieur emportée par un scandale lié au traitement réservé aux immigrés originaires des Caraïbes, revient au gouvernement avec le portefeuille du Travail et des Retraites. L’influent ministre de l’Environnement Michael Gove, figure de proue de la campagne proBrexit, a assuré avoir « absolument » confiance en Theresa May. « J’espère bien continuer à travailler avec tous mes collègues du gouvernement et tous mes collègues au Parlement pour faire en sorte que nous obtenions le meilleur pour le Royaume-Uni », a-t-il déclaré à la presse. Du coup la livre a repris du poil de la bête, après avoir perdu près de 2 % la veille contre l’euro, sa plus forte baisse depuis deux ans. L’autorité de Theresa May, durement ébranlée, est maintenant menacée d’un vote de défiance de députés de son propre camp, partisans d’une rupture nette avec l’Union européenne (UE). Jacob Rees-Mogg, dirigeant du groupe parlementaire eurosceptique European Research Group (ERG), a lancé la manoeuvre, l’accusant d’avoir trahi les promesses faites au peuple britannique sur le retrait de l’UE. Il a déjà rallié au moins vingt-deux députés tories, mais a besoin de quarante-huit d’entre eux, soit 15 % du groupe conservateur à la chambre des Communes, pour organiser un tel vote de défiance. Il faudrait ensuite qu’une majorité de députés conservateurs votent contre Theresa May.
Opération de charme
Pendant ce temps, la cheffe de l’exécutif a lancé une opération de charme envers les Britanniques pour les convaincre des bienfaits du projet d’accord, répondant aux questions des auditeurs de la radio LBC. Theresa May avait déjà défendu bec et ongles le projet d’accord avec l’UE devant les députés la veille, faisant planer la menace d’un retour en arrière sur le Brexit, prévu le 29 mars 2019, si elle n’obtenait pas de soutien au Parlement. Des députés de tous bords lui ont déclaré qu’il n’y avait aucune chance que le plan obtienne leur aval en décembre, mais Mme May a rejeté les appels à la démission. « J’ai moi-même des inquiétudes », a admis Theresa May sur LBC. Mais dans toute négociation, il faut faire des « compromis ».