Marée jaune sur les routes du département
Seront-ils mobilisés ce matin encore ? Les « gilets jaunes » du Var étaient bien décidés, hier soir, à ne rien lâcher. Plongée dans une journée de contestation hors normes... Au Capitou, ils ont fait bloc jusque tard dans la soirée
Annoncé comme LE point de convergence du Var : il l’a été. Le péage du Capitou de Fréjus a attiré une foule de « gilets jaunes » dès le début d’après-midi et jusque tard dans la soirée. Rendez-vous avait été pris par des centaines de manifestants, à 13 h 30, devant la gare de péage de Puget-sur-Argens, où des motards ont devancé le cortège pour une opération escargot jusqu’au Capitou. « L’autoroute est à nous », s’enthousiasmaient certaines personnes, qui n’ont pas manqué d’immortaliser – en selfies – leurs allers et venues sur le bitume, en moto, à pied, à vélo ou même en roller. Bon enfant. Comme au péage du Muy, dès potronminet, le mot d’ordre consistait à « sensibiliser les automobilistes, donner de la voix, distribuer des tracts et filtrer le passage », dixit Nicolas Braggiotti, l’un des coordinateurs de la manifestation muyoise. Lequel a préféré quitter les lieux dans l’après-midi, sentant poindre «un certain désordre et quelques tensions ».
Bloqué plusieurs heures
Car dans une manifestation d’ampleur, quelle qu’elle soit, il y a les diplomates et les autres… D’où certaines altercations qui ont inutilement émaillé l’après-midi et la soirée. Du type : - « Le port du gilet jaune est obligatoire, sinon vous ne passez pas ! » - « Je ne cautionne pas votre démarche. Moi je bosse monsieur ! ». Un coup sur la pédale d’accélérateur, des huées, et ça repart… Heureusement, beaucoup de sourires ont jailli du cortège. « Je suis en colère contre le gouvernement, mais pas contre la terre entière, exprimait Françoise qui n’est «pas la plus à plaindre sur (son) niveau de vie » mais « comprend le ras-le-bol général » et souhaite « participer à ce rassemblement inédit ». Un ras-le-bol qui a donc trouvé son épicentre autour des barrières du Capitou, dont le passage, dans les deux sens, s’est avéré plus souvent bloqué que filtré. Dans la soirée, le trafic y était d’ailleurs toujours très délicat. Les forces de l’ordre ont alors dû intervenir pour que les barrages filtrants retrouvent tout leur sens. Issus de l’Ouest-Var et des Alpes-Maritimes, nombre de « gilets jaunes » avaient ciblé ce « péage frontière » entre les deux départements. Certains d’entre eux avaient même envisagé d’y passer la nuit, « si l’unité ne faiblissait pas ».