Focus sur les amoureux du style d’autrefois à Menton
Hier s’est ouvert le festival PhotoMenton au Palais de l’Europe. Jusqu’au 25 novembre, le public découvre 110 exposants, amateurs ou professionnels. Parmi eux, des adeptes de l’esprit « vintage »
Je n’aime pas la perfection d’une photo. Je préfère les zones d’ombres ou le flou. C’est ce qui rend un cliché unique et charmant...», confie la photographe Magali Moscardo. La Niçoise expose son travail à l’occasion de la 13e édition de PhotoMenton à Menton (Alpes-Maritimes). Inaugurée hier, la manifestation – qui se déroule au Palais de l’Europe – réunit des professionnels et amateurs de la photographie autour de stands, d’ateliers et de conférences jusqu’au 25 novembre (lire par ailleurs). Âgée de 30 ans, Magali Moscardo fait partie de ces résistants qui refusent de travailler avec le numérique et préfèrent s’adonner au charme discret de l’argentique. « J’utilise un appareil holga. Déjà parce que je suis handicapée et qu’il est léger à porter. Mais aussi, parce qu’avec lui, on retrouve tous les défauts que les appareils photos d’aujourd’hui tentent de corriger: la déformation, la lumière… De ces imperfections, on arrive à créer un style très personnel », détaille la professionnelle qui a exposé ses oeuvres sur l’un des stands du Festival.
« Ce côté rêveur qui capte le regard »
Magali est également une adepte du Polaroïd. « Il y a ce côté rêveur qui capte le regard… » Sur ses clichés, les formes sont diluées par un léger voile. Comme un nuage vaporeux…Une touche de rêverie et un instant décisif à saisir. Magali n’est pas la seule à succomber au style ancien. Sur son stand, Christian Chiotti – originaire de Cannes – met en avant son travail réalisé avec son fidèle boîtier argentique. « Il faut avoir de la patience, prendre les sujets sur le vif, ne pas se louper…» De nombreux clichés en noir et blanc recouvrent son stand. Des scènes de rues prises sur le vif. Souvenirs furtifs rendus éternels. « Une photographie est un tableau de l’instant, pour témoigner, raconter une histoire… » Côté atelier, le public peut également s’en remettre à la photo au luxe suranné. Âgé de 46 ans, Sergiy Shushyn utilise l’une des plus anciennes méthodes au monde : le collodion humide. Le procédé consiste en une épaisse émulsion liquide appliquée sur une plaque de verre, qui est ensuite plongée dans un bain de nitrate d’argent. «C’est le Polaroïd du XIXe siècle», plaisante le photographe sous son chapon melon. Au Palais de l’Europe, les visiteurs peuvent découvrir la chambre noire de Sergiy Shushyn et se faire tirer le portrait (1). Alors... la photo nostalgique et rétro serait-elle devenue à la mode ? « Ces dernières années, on remarque un regain pour les photos argentiques qui sont uniques et palpables contrairement au numérique. Pour preuve les ventes de Polaroïd explosent. Pour autant, l’argentique ne remplace pas le numérique, ces deux méthodes ne s’opposent pas. Il s’agit plutôt de proposer une approche différente », analyse Xavier Baré, président du festival. Pas de carte mémoire ni de déclenchement en mitraillette… le style ancien demande du temps. Un procédé à contrecourant pour créer des images uniques... loin des clichés. 1. De 30 à 50 euros en fonction de la taille de la photo. Sergiy Shushyn prend ses photos dans une chambre noire. Au festival, il anime des ateliers pour expliquer sa méthode datant du XIXe siècle. ■ de son Polaroïd.