Deux interpellations à la barrière de péage
« Vous trouvez qu’on s’essouffle là ? » Il est 10 h 50, hier matin, à la barrière de péage de La Ciotat. C’est Fred, qui pose la question. Le chef d’entreprise, artisan dans le BTP, âgé de 40 ans vient de décharger des palettes d’un camion blanc et de les empiler sur le bord de la chaussée. Là où d’autres achèvent de se calciner. Un signe que les gilets jaunes massivement regroupés sur ce site stratégique où des barrages filtrants sont mis en place depuis une semaine ne partiront pas de sitôt. Et ce samedi matin ensoleillé, ils sont plus d’une centaine à exprimer pacifiquement leurs revendications, dans une ambiance bon enfant.
L’adhésion des Ciotadens
« J’ai versé un salaire à mes deux employés pour qu’ils puissent venir manifester », poursuit Fred qui monte d’un cran : «Un cargo en mer pollue comme trois millions de voitures pour nous approvisionner en produits fabriqués par les Chinois, et n’est pas taxé, s’énervet-il. Et le glyphosate est toujours autorisé… ». Et d’assener : « Si nous ne sommes pas entendus, on restera là jusqu’à Noël ! ». Une manifestation qui recueille manifestement l’adhésion massive des Ciotadens. « On est ravitaillé, un boucher nous a apporté soixante-dix sandwichs, nous avons à manger pour trois fois ce qu’on est », glisse l’artisan pour appuyer sa détermination. Pas très loin alors que les conducteurs de véhicules, en longue file, jouent de l’avertisseur sonore et reçoivent en échange une acclamation des gilets jaunes, un policier du commissariat de La Ciotat en service présent sur place, claque la bise à une manifestante avant de confier : « C’est une population qu’on connaît bien et avec laquelle nous sommes en excellent terme. On s’assure qu’aucun débordement ne vienne ternir la manifestation ». Une présence bienvenue. Vendredi soir, des éléments perturbateurs ont bravé le couvre-feu instauré par les gilets jaunes euxmêmes à partir de 22 heures. Suite à la réaction policière qui a étouffé le mouvement dans l’oeuf. Deux fauteurs de troubles ont été interpellés et placé en garde à vue au commissariat.