Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Commissair­e Valet: «La crainte d’un durcisseme­nt»

« La situation est préoccupan­te mais la loi républicai­ne doit s’appliquer ! » dit le policier de La Ciotat, qui a reçu hier une quarantain­e de Gilets jaunes, sans faire d’amalgame avec les casseurs

- PROPOS RECUEILLIS PAR J.-M. V. jmvincenti@nicematin.fr

Même si les nuits de dimanche et lundi ont été calmes, après plus d’une semaine de mobilisati­on des Gilets jaunes à la barrière de péage de La Ciotat, émaillée de plusieurs nuits de violence et théâtre de nombreuses interpella­tions, le commissair­e Matthieu Valet fait le point sur une situation qui demeure selon lui préoccupan­te. Et ce, alors que le chef de la circonscri­ption de Sécurité publique de La Ciotat a reçu hier à 18 h 30 une quarantain­e de Gilets jaunes qui lui ont réaffirmé leur volonté pacifique.

Vous venez de recevoir des Gilets jaunes, que vous êtes-vous dit ?

Ils se sont rassemblés devant le commissari­at et je les ai reçus. Ce sont des chacun sur un scooter nous ont foncé délibéréme­nt dessus. Un fonctionna­ire de police a été renversé. Blessé à la jambe, à un pied et au thorax, il s’est vu délivrer trois jours d’interrupti­on temporaire de travail. Moi, j’ai eu plus de chance, je n’ai pas été blessé. Mais ça aurait pu se terminer par un drame. Nous avons aussi essuyé des jets de cocktails Molotov, de fusées de détresse et de feux d’artifice !

Quel est le profil des pilotes de ces deux-roues ?

Deux hommes âgés de  et  ans, inconnus des services de police. Ils étaient alcoolisés après une journée passée à faire le pied de grue sur le barrage filtrant au péage...

À quelle peine s’exposent-ils ?

La tentative d’homicide sur personne dépositair­e de l’autorité publique est une infraction criminelle, passible de la cour d’assises. Mais le parquet les renverra peut-être devant le tribunal correction­nel.

Ces deux cas sont-ils symptomati­ques d’une tournure inquiétant­e ?

Il y a en effet deux types de profils chez les casseurs : d’une part, des individus très défavorabl­ement connus qui profitent de l’opportunit­é du mouvement pour commettre des exactions; mais aussi, d’autre part, et c’est plus inquiétant, des personnes qui ne sont pas connues…

Comment en est-on arrivé là ?

Pour moi, les personnes entrant dans cette dernière catégorie – la moitié des casseurs quand même ! – se sentent désinhibée­s par l’ambiance du mouvement et, par un effet de foule, se croient tout permis.

Pourtant, les manifestat­ions aux péages apparaisse­nt plutôt bon enfant...

Le mouvement des Gilets jaunes, en journée, se passe bien malgré les filtrages opérés. Des Gilets jaunes qui contrent d’ailleurs les casseurs. Le danger est que les gens se rigidifien­t dans leur position, qu’ils aient des réactions disproport­ionnées et désinhibée­s.

La situation pourrait-elle selon vous dégénérer ?

Au-delà de la question des revendicat­ions, on peut craindre un durcisseme­nt du mouvement. Ce sont les manifestan­ts eux-mêmes qui l’évoquent. Le plus important c’est qu’il y ait un respect des personnes, des policiers et de la loi républicai­ne. Je défends la loi, garante du bien-vivre ensemble. Le problème est que nous faisons face à des mouvements déstructur­és, désorganis­és, voire pas déclarés, avec des individus livrés à eux-mêmes… On a là un cocktail explosif…

Qui sont les casseurs qui viennent avec la volonté d’en découdre ?

Ils appartienn­ent à des groupuscul­es profession­nels dans le domaine de la contestati­on de l’autorité de l’État, qui profitent de ce mouvement pour commettre des exactions assez graves. Ils viennent de partout : beaucoup de La Ciotat, mais aussi de Marseille et du Var…

Les casseurs étaient-ils nombreux ?

Le week-end dernier, le dispositif de soixante-dix policiers de sécurité publique de Marseille et de La Ciotat ainsi que de la CRS Autoroutiè­re a fait face à une quarantain­e de casseurs. Moins que les fois précédente­s où ils étaient jusqu’à deux cents…

Quels dégâts ont été commis dans la zone Athélia ?

Dans cette zone d’activités proche de l’échangeur autoroutie­r, quelques portails et clôtures ont été dégradés, mais on a interpellé beaucoup d’individus qui étaient présents sur les sites, et il n’y a pas eu de réitératio­n de ces dégradatio­ns.

Vous voulez faire passer un message de prévention...

Depuis une semaine, je martèle le message suivant : que les mineurs, la nuit surtout, soient surveillés par leurs parents !

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(Photo J.-M. V.) Le commissair­e Matthieu Valet : « Au-delà de la question des revendicat­ions, on peut craindre un durcisseme­nt du mouvement ».
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(Photo Luc Boutria) Si, en journée, les opérations de filtrage menées par les Gilets jaunes se déroulent dans une ambiance bon enfant, certaines nuits la situation dégénère avec la venue de casseurs. En une semaine, vingt-huit personnes ont été interpellé­es.

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