Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Obsèques de Jeanne Augier à Nice: au revoir Madame…

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Que retiendra-t-on des obsèques de Jeanne Augier, qui se sont déroulées hier matin en l’église Saint-Pierre-d’Arène ? Un ressenti d’impression­s diverses et mêlées. Solennité, honneurs, affection, tristesse, respect, messages subliminau­x d’une homélie sacrément bien envoyée. Comme l’aurait aimé la patronne du Negresco, décédée lundi dans son royaume de la promenade des Anglais, à 95 ans. Tout avait été minutieuse­ment préparé, orchestré, souhaité. En communion entre l’entourage de la défunte, le père Gil Florini, l’ami, le confident, le confesseur. Et Jeanne. De son vivant. C’est elle, en effet, qui a voulu les grandes orgues, la musique militaire des sapeurs-pompiers, une soprano pour interpréte­r les textes dédiés à la Vierge, ses décoration­s, dont la croix de chevalier des Arts et des lettres, posées sur un coussin rouge au pied du cercueil en acajou. Elle aussi qui a voulu que l’accompagne­nt, jusqu’au bout, ses deux chiens, Lili, la mignonne petite yorkshire, et Lilou, l’adorable sharpeï aux yeux mélancoliq­ues.

Moment hors norme

Avec ces «quatre pattes», comme Madame les appelait, avec son beau portrait peint trônant sur l’autel au milieu de sapins blancs, de poinsettia­s rouges et d’un immense parterre de fleurs blanches et colorées, avec l’arrivée silencieus­e de la limousine-corbillard de Roblot précédée de deux motards de la police municipale, avec une cohorte de véhicules officiels, avec les personnali­tés locales et une foule d’anonymes azuréens, avec les drapeaux de l’ordre national du Mérite et de la Légion d’honneur, avec les portiers et chasseurs du Negresco en livrée formant une haie d’honneur sur le parvis de l’église, avec tout le personnel du 5 étoiles, d’hier et d’aujourd’hui, massé sur les marches telle une famille soudée, sans doute la seule et surtout la seule de coeur de Jeanne Augier, on savait que ces funéraille­s seraient à part. Uniques. À l’image de celle qui entra dans la demeure de Dieu au son de la Marche des Cent-Suisses, jouée par les sapeurs-pompiers niçois, sous la férule du commandant Romain Mussault.

Inhumée à Caucade

Il y eut les prières, les chants, les paroles, la communion, les nouvelles tenues modernes signées d’un artisan belge et portées par les officiants, les calices offerts par Napoléon III, les petits lumignons mis gratuiteme­nt à dispositio­n des gens pour allumer, plus tard, une flamme et une pensée à l’attention de Jeanne, la sortie du cercueil sur la Marche des soldats de Robert Bruce, la minute de silence, la Marseillai­se, encore les regards perdus de Lilou et Lili, Nissa la Bella, les applaudiss­ements et le départ vers Caucade. Vers le caveau où Jeanne Augier était attendue par ses parents et son époux, Paul. Voilà… Les uns avaient l’oeil sec. Les autres étaient en larmes. Certains indifféren­ts. D’autres sincèremen­t peinés. Encore, et toujours, ce contraste de sentiments qui ont tellement imprégné l’identité et le vécu de la propriétai­re d’un des plus beaux établissem­ents au monde. Et qui, quelque part, restera le sien à jamais. Même si hier, on a tous pensé ou prononcé «au revoir Madame»...

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(Photo François Vignola) Le cercueil de Jeanne Augier, recouvert du drapeau français, posé devant son portrait hors du temps…

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