Signé Roselyne
Lundi Le rendez-vous « violences » est maintenant coché à la date de samedi puisque dans la France d’aujourd’hui, la révolution est hebdomadaire. Le bel élan populaire a sombré maintenant dans un nihilisme sans issue. Il y a au moins un élément qui pourrait fédérer les bonnes volontés. Les injures sexistes, les appels au meurtre et au viol dont sont l’objet Brigitte Macron, les femmes ministres et les députées de la majorité sont inacceptables d’ignominie et ne sont pas le fait que de quelques hurluberlus. Mais où sont passées les associations féministes si promptes à « balancer leur porc » ? Leur silence est assourdissant. Jeudi
Ce matin, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, suggère à mi-mot que la présidente de la CNDP, la Commission nationale du débat public, devrait démissionner de son poste à la suite de la polémique surgie à propos de sa rémunération. Voilà un ministre qui propose le limogeage implicite du responsable d’une autorité indépendante, responsable qui n’a commis aucune faute, qui n’a rien demandé et que les connaisseurs du dossier saluent pour sa compétence. Cerise sur le gâteau Shadock, elle a été choisie par le gouvernement auquel appartient Monsieur Griveaux. Si la nommer était une erreur, on se demande alors qui devrait démissionner… Résumons le dossier. La CNDP n’est pas une instance créée à l’occasion du Grand Débat voulu par Emmanuel Macron, elle résulte de la loi Barnier de qui veut qu’un débat citoyen soit instauré chaque fois qu’un projet d’infrastructure dépasse millions d’euros. Elle n’est en aucun cas un comité Théodule, ses procédures ont ainsi fait purement et simplement annuler
certains projets et tous ont été modifiés en profondeur par les observations recueillies. Il s’agit d’une procédure exemplaire de démocratie participative. La rémunération de Chantal Jouanno n’est donc pas liée à l’organisation du Grand Débat mais aux nombreux dossiers en cours, telle la ligne ferroviaire Paris-Orléans-Clermont-FerrandLyon. Cette rémunération de euros bruts soit euros nets est certes élevée mais dans la fourchette classique des salaires des responsables publics de même niveau, en n’omettant pas de souligner que l’impôt sur le revenu les écrête considérablement puisque % des contribuables aisés paient % de l’impôt sur le revenu, faisant de notre pays un des plus égalitaires du monde. Après cette minable bronca, madame Jouanno décide de se retirer de la présidence du débat public – on la comprend – mais ne sera donc pas payée « à ne rien faire » comme on l’a entendu de la part d’ignorants et/ou de malveillants. Décidément, notre pays devient celui des jalousies médiocres et des haines féroces. Vendredi
Continuons ce vendredi dans le chapitre des absurdités surréalistes.
Sébastien Lecornu, ministre en charge des Collectivités territoriales, est en déplacement en HauteSavoie à L’Argentière-la-Bessée. Il est entouré par un groupe de « gilets jaunes » qui l’interpellent et une de ses interlocutrices traite les policiers et les gendarmes de « tueurs ». Lecornu réfute calmement l’injure, fait remarquer que ces forces de l’ordre sont celles qui étaient acclamées le janvier après les attentats ou auxquelles appartenait le gendarme Arnaud Beltrame, le héros de Trèbes. Approuvée par le groupe, la dame rétorque que les CRS dans les manifestations de « gilets jaunes », sont « importés » de l’étranger ! Cette assertion extravagante n’est pas étonnante quand on sait que, outre des blogs complotistes, le média le plus suivi par ce mouvement de contestation est la chaîne russe d’info RT [Russia Today, ndlr], financée par Poutine ! Tiens, au fait, on aimerait savoir ce que penserait Poutine d’une chaîne d’info française installée à Moscou, financée par l’Elysée, et retransmettant en continu les manifestations de ses opposants… Samedi
Tous les commentateurs ont analysé une enquête d’opinion approfondie menée pour le compte du Centre d’étude de la vie politique par l’institut OpinionWay. Un quotidien n’hésite pas à parler de « tsunami » de défiance et à relier cela au mouvement des « gilets jaunes ». Tsunami ? A peine une vaguelette en fait. Si on décortique les cotes d’amour et de désamour, quatre institutions restent aimées des Français sans que les chiffres bougent notablement : hôpitaux, PME, armée, police. Quatre sont mal aimées, là aussi sans évolution : syndicats, banques, médias, partis politiques. Les inflexions modestement positives (+ points) saluent l’école et la Sécurité sociale, et les modestement négatives (- et - points), l’Eglise catholique et les entreprises privées. En fait, malgré tout le barouf médiatique, les avis des Français sur le corps social restent remarquablement stables. Plus inquiétants sont les avis de défiance qui frappent les responsables politiques. Si cela n’a rien d’étonnant pour un couple exécutif dans la tempête des revendications, on constate qu’aucune des personnalités d’opposition n’est porteuse de rêve. Quatre-vingts pour cent n’ont pas confiance dans Jean-Luc Mélenchon, % dans Laurent Wauquiez, % dans Marine Le Pen. Même si cette dernière est la seule à avoir amélioré son score, elle souffre d’une détestation bien ancrée chez deux Français sur trois. Pas de quoi pavoiser et aucune marge d’adhésion en cas d’alternance. Les Français ont cessé d’espérer.
« Dans la France d’aujourd’hui, la révolution est hebdomadaire. »