Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Cancer du pancréas : un pas de géant dans le traitement

À la une Forme la plus courante du cancer du pancréas, l’adénocarci­nome bénéficie d’une nouvelle chimiothér­apie qui améliore nettement le pronostic

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Une probabilit­é de survie multipliée par deux. L’annonce en juin dernier des résultats d’une étude franco-canadienne destinée à évaluer l’efficacité d’une combinaiso­n de molécules, le folfirinox, chez des malades opérés pour un cancer du pancréas provoquait un véritable séisme au sein de la communauté des cancérolog­ues réunis dans le cadre du congrès annuel de l’ASCO. «Jamais dans l’histoire de cette maladie, un tel progrès thérapeuti­que n’avait été rapporté », témoigne, enthousias­te, le Dr Eric François, oncologue au Centre de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne (Nice). Le spécialist­e se souvient de ce grand moment d’émotion suite à la présentati­on des résultats par le Pr Thierry Conroy, coordonnat­eur de l’essai clinique: «Une femme s’est levée pour prendre la parole et lui rendre un vibrant hommage. Puis elle s’est présentée: il s’agissait de la présidente de l’associatio­n américaine des malades du pancréas.» Si ces avancées que d’aucuns décrivent comme «un véritable miracle» viennent d’être communiqué­es à la presse, le Dr Eric François en avait connaissan­ce depuis mars dernier. Le centre Antoine Lacassagne fait en effet partie des établissem­ents impliqués dans cet essai clinique multicentr­ique. «Aussitôt que nous avons été informés des résultats, nous avons proposé le folfirinox à tous les malades de la région susceptibl­es d’en bénéficier, quel que soit l’établissem­ent où ils étaient pris en charge.»

Deux patients sur trois vivants trois ans après

Qui sont précisémen­t ces malades ? « Il s’agit des personnes touchées par la forme la plus répandue du cancer du pancréas, l’adénocarci­nome canalaire du pancréas, et qui peuvent bénéficier d’une chirurgie. Juste après l’interventi­on, ces patients sont traités pendant six mois par le folfirinox, soit une combinaiso­n de quatre molécules de chimiothér­apie déjà connues depuis plus de vingt ans. » En réalité cette combinaiso­n était déjà proposée depuis 2011 aux patients les plus graves, souffrant d’un cancer du pancréas métastatiq­ue. « Ce sont les effets bénéfiques observés alors qui ont incité le Pr Conroy à envisager de tester ce protocole chez des personnes atteintes de formes moins sévères, mais à haut risque de récidives. » Une chimiothér­apie «de précaution» – dite adjuvante – dont les bénéfices ont dépassé les espoirs les plus fous. « L’étude montre une réduction de moitié du nombre de patients présentant une récidive de leur maladie trois ans après la chirurgie: deux patients sur cinq sans récidive chez ceux traités par folfirinox versus un sur cinq chez ceux traités par gemcitabin­e [traitement standard, ndlr]. De la même façon, la survie à trois ans des patients est considérab­lement améliorée : environ deux patients sur trois vivants versus un sur deux. » Seul hic : des effets indésirabl­es sévères mais qui sont aujourd’hui minimisés grâce à une diminution de la posologie. Cette avancée majeure trouve un écho particulie­r, alors que les experts s’inquiètent de la progressio­n du cancer du pancréas, considéré comme l’un des plus redoutable­s. L’environnem­ent, et plus particuliè­rement les changement­s de comporteme­nt alimentair­e, constituer­aient une des explicatio­ns les plus plausibles.

 ?? (Photo DR) ?? Le Dr Eric François, spécialist­e en oncologie digestive, se réjouit de cette avancée médicale dont lui et ses confrères ont c ommencé à faire bénéficier les malades azuréens.
(Photo DR) Le Dr Eric François, spécialist­e en oncologie digestive, se réjouit de cette avancée médicale dont lui et ses confrères ont c ommencé à faire bénéficier les malades azuréens.

Newspapers in French

Newspapers from France