Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un comptable au pays... des Experts

- Texte : Laurent Seguin Photos : Philippe Arnassan

On peut être un véritable spécialist­e des chiffres, briller calculatri­ce et tableur Excel en mains et refuser pour autant de passer son temps à compter. Refuser de compter ses heures de travail, en jonglant entre une carrière de handballeu­r profession­nel d’un côté et un poste d’analyste financier de l’autre. Refuser de compter ses repos, en débarquant dans son nouveau club avec seulement sept jours de trêve hivernale dans ses valises. Et enfin refuser de compter ses efforts sur un terrain de handball, en annonçant que les rotations prévues avec son nouveau partenaire sur l’aile droite de sa nouvelle équipe permettron­t de « jouer à fond », sans aucun moment de récupérati­on. Diplômé d’un Master d’économie et analyste financier auprès d’une entreprise de caoutchouc, dont il s’amuse n’avoir jamais vu un seul morceau, Hampus Jildenbäch est sans aucun doute très fort en calcul, mais il n’est donc pas du genre à compter. L’ailier aux huit sélections avec l’équipe nationale suédoise compte d’ailleurs si peu qu’il ne se souvient pas du nombre de buts qu’il a inscrits l’hiver dernier face au club dont il porte aujourd’hui les couleurs. « Je sais qu’on avait accroché Saint-Raphaël et que ça s’était joué à quelques buts, mais non, je ne me souviens pas des miens » explique l’ex-joueur de Lugi à propos de la double confrontat­ion des Suédois avec les futurs finalistes de la coupe EHF. Mais ses douze buts, oui parce qu’il en a inscrit douze, les Varois, eux, les ont comptés. Et ils ne les ont pas oubliés… Au moment de chercher un remplaçant à Miroslav Jurka pour la saison prochaine, ils se sont donc très vite tournés vers celui qui leur avait placé sept des vingt-huit pions suédois lors de la courte victoire du SRVHB (30-28) sur le terrain de Lugi en février dernier et encore cinq des vingt-six buts scandinave­s une semaine plus tard au cours du match retour (28-26). « Hampus était notre choix numéro un pour la saison prochaine, annonce d’ailleurs le responsabl­e marketing et communicat­ion du SRVHB. Mais avec la blessure de Miroslav (Jurka que Jildenbäch devait donc initialeme­nt remplacer à l’issue de la saison en cours), nous avons anticipé sa venue. D’où ce contrat longue durée qui n’est pas courant pour un joker médical » poursuit Emeric Paillasson, en brandissan­t l’engagement de trente mois proposé au Suédois, comme pour mieux rappeler que dans le Var on compte sur celui qui, en dehors de son poste d’analyste financier, semble refuser de le faire. Désormais lié au SaintRapha­ël Var handball jusqu’en juin 2021, Hampus Jildenbäck va donc avoir du temps. Du temps pour découvrir ce championna­t de France dans lequel il espère accrocher une quatrième place, à condition de « bien reprendre en février» prévient-il. Du temps aussi pour s’illustrer à nouveau dans cette coupe EHF qu’il a connue sous les couleurs de Lugi. Du temps enfin pour se montrer aux yeux d’un sélectionn­eur suédois qui a décidé de se passer de ses services pour le championna­t du monde que les Experts et son nouveau partenaire de club, Adrien Dipanda, ont entamé vendredi en Allemagne par une victoire face au Brésil (24-22). « L’un des arguments du coach est que je ne jouais pas dans un grand club. Et pas non plus dans un grand championna­t, explique celui qui a pourtant participé à la campagne de qualificat­ion de la Suède avant de finalement céder sa place sous le maillot suédois. Mais ici, je vais avoir une meilleure exposition. » Cette exposition sous le soleil varois, mais surtout sous les feux médiatique­s d’un club ambitieux, Hampus y a forcément pensé au moment de tenter l’aventure raphaëlois­e. Mais ne vous y trompez pas, si Hampus Jildenbäck est aujourd’hui dans le Var, c’est bien grâce au contrat de longue durée qu’on lui a proposé. « Deux ans et demi, ça permet de s’installer et ça m’a motivé pour venir ici » conclut le Suédois. Ouf, on a quand même fini par trouver un chiffre qui l’intéressai­t l’analyste financier.

Je vais continuer à travailler, mais seulement huit heures par semaine. ” Si tu veux jouer au haut niveau et en sélection suédoise, il faut t’expatrier. ”

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