MÉTROPOLE : PÉNURIE DE LITS À L’HÔPITAL
Toulon - La Seyne Plus aucun lit n’était disponible dans la nuit de lundi à mardi au centre hospitalier intercommunal. Une situation critique « sans épidémie » qui ne rassure pas les médecins urgentistes
Alors qu’aucune épidémie n’est à déplorer, le Centre hospitalier intercommunal Toulon - La Seyne accuse une pénurie de lits disponibles. La situation inquiète les médecins urgentistes.
La nuit de lundi à mardi a été difficile au centre hospitalier intercommunal de Sainte-Musse. La raison du malaise de ce début d’année ? « Depuis 2 heures du matin, plus aucun lit n’était disponible sur tout le Chits(1), hôpital référent du Groupement hospitalier du territoire », alertait, hier matin, le docteur Vincent Carret, dans un communiqué adressé à Michel Perrot, directeur et au délégué territorial de l’agence régionale de santé, Sébastien Debeaumont. Résultat : « Les patients sont donc mis en attente aux Urgences », déplorait-il. A 11 heures, hier matin, les onze boxes en soins non critiques et les lits en unité d’hospitalisation de courte durée de l’hôpital SainteMusse étaient tous occupés. En début d’après-midi, la situation restait tendue dans les services toulonnais et seynois avec très peu de lits disponibles.
Hyères en flux tendu
Une situation critique qui ne serait pas uniquement vécue par le seul établissement toulonnais sur l’agglomération toulonnaise. Le service des urgences à Hyères était aussi, hier, en flux tendus. Cette situation critique dans la gestion des lits à l’hôpital public n’est pas non plus sans lien direct avec les politiques nationales de santé dénoncées par l’association des médecins urgentistes de France (lire par ailleurs). Elle ne surprenait pas, hier après-midi, Michel Perrot, directeur du Chits. « La période du lundi au mardi est toujours un peu critique », explique-t-il. La raison ? « Nous avons absorbé durant tout le weekend les admissions dans les services. A partir du lundi et mardi, nous effectuons les entrées de patients dont les hospitalisations sont programmées sur la semaine. C’est de fait un peu plus compliqué pour nous », répond le directeur de l’établissement toulonnais.
Maintenir les admissions programmées
Cette gestion des lits à flux tendus n’a toutefois pas, eu de répercussions sur les hospitalisations et les interventions chirurgicales programmées à l’hôpital SainteMusse à Toulon et à La Seyne. Elles ont été maintenues. « Avec le président de la commission médicale d’établissement, Stéphane Bourcet, nous avons toujours été contre le fait de supprimer les admissions programmées », précise Michel Perrot. « Ce sont des activités de médecins de spécialités qui, s’ils n’ont pas la possibilité d’exercer leurs spécialités correctement, ne viendront plus à l’hôpital travailler. Nous avons à trouver un équilibre entre les admissions de patients non programmées et les admissions de patients programmées qui sont planifiées. Il est difficile pour l’hôpital d’y renoncer, même temporairement. Il n’y a aucune raison de désorganiser leur activité. Pour anticiper la crise, nous avons prévu en période hivernale d’ouvrir en week-end des lits d’unité occupés en semaine, et les mettre à disposition des patients. Nous avons, ainsi, ouvert durant deux week-ends des lits qui étaient occupés uniquement durant la semaine dans les unités d’hospitalisation. Des médecins ont été volontaires pour assurer l’encadrement médical avec du personnel d’astreinte également mobilisé .»
« Pas d’épidémie »
Cette situation critique se déroule en période non « épidémique », comme le confirme le directeur de l’établissement hospitalier. « Le zéro lit en situation “normale” sans épidémie n’est pas rassurant du tout et un indicateur pour nos autorités », s’inquiète le Dr Carret, représentant varois de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). « Sachant que les épidémies ne sont pas encore arrivées, interpelle Jean-Eric Lodevic, secrétaire général de Force Ouvrière, la question que l’on peut se poser est : peuton avoir pire ? » La question est d’autant plus légitime un an après la situation de crise de l’hiver 2017. 1. Centre hospitalier intercommunal Toulon La Seyne.