Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Toujours plus d’appels dans les affaires criminelle­s

Face à ce constat, et à la multiplica­tion de procès complexes et très longs, la cour d’appel d’Aix-en-Provence a créé une quatrième section à la cour d’assises des Bouches-du-Rhône

- G. D.

Dans le bilan de l’activité de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, le procureur général Robert Gelli a rappelé hier, à la faveur de l’audience solennelle de rentrée, qu’il s’agissait de la deuxième de France. On retiendra pour les statistiqu­es qu’en matière correction­nelle 5 464 décisions ont été rendues en appel (- 8,43 %) et que les quatre cour d’assises du ressort (Aix, Digne, Draguignan et Nice) se sont tout de même partagé 170 appels criminels.

De longs procès

Malgré ce, le nombre d’affaires criminelle­s restant à juger est en progressio­n. La faute à un plus grand nombre d’affaires complexes, traitées par la JIRS (juridictio­n inter-régionale spécialisé­e) de Marseille, qui ont nécessité plusieurs semaines d’audience. Ainsi en a-t-il été pour l’affaire de l’assassinat d’Hélène Pastor. Ainsi en sera-t-il encore cette année, pas plus tard que le 18 février, avec l’ouverture pour sept semaines à Aix-en-Provence du procès pour trafic internatio­nal de stupéfiant­s entre la République Dominicain­e et le golfe de Saint-Tropez, l’affaire « Air cocaïne ».

Les Gilets jaunes

Dans cette perspectiv­e, et compte tenu du taux élevé d’appel pour les affaires criminelle­s, une quatrième section a été créée aux assises des Bouches-duRhône. Les huit parquets du ressort de la cour (Aix, Marseille, Tarascon, Digne, Toulon, Draguignan, Grasse et Nice) ont reçu près de 350 000 procédures nouvelles en 2018, dont 88 000 ont donné lieu à des poursuites. À cette délinquanc­e au quotidien se sont rajoutées, depuis le début de la crise des « gilets jaunes », 500 gardes à vue – « le chiffre le plus élevé des cours d’appel de province » –, dont 23 % ont donné lieu à des comparutio­ns immédiates, 11 % à des mandats de dépôt et 12 % à des classement­s sans suite.

Terrorisme et crime organisé

Le procureur général a aussi rendu compte des quatre engagement­s qu’il a pris l’an dernier en matière de politique pénale. S’agissant du terrorisme et de la radicalisa­tion, M. Gelli a indiqué que la menace persistait, comme on l’a vu à Strasbourg. Il a annoncé que deux tiers des 500 détenus en France pour des faits liés au terrorisme islamique, et 1 200 détenus considérés comme radicalisé­s et violents arriveront en fin de peine avant 2022. Face à cette perspectiv­e, l’action des magistrats « référents terrorisme » va être renforcée. Le procureur général a qualifié « d’enjeu majeur » la lutte contre la criminalit­é organisée. « Le nombre de règlements de comptes liés au trafic de stupéfiant­s est reparti à la hausse, avec 23 victimes dans les Bouches-duRhône (+ 60 %) et 7 à Toulon, qui est contaminé. » Il a promis une riposte de la JIRS. La lutte contre la délinquanc­e économique et financière, ainsi que celle contre le racisme, l’antisémiti­sme et les discrimina­tions vont donner lieu à des cellules de travail pour définir les priorités. Une « adresse de signalemen­t » va être mise en place au parquet général, pour permettre aux associatio­ns de signaler les faits dont elles pourraient avoir connaissan­ce.

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(Photo DR) La cour d’appel d’Aix-en-Provence est la deuxième de France.

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