L’HYDROGÈNE CONTRE LA POLLUTION
Et si la solution face à la pollution des navires de croisière, ferries et autres cargos passait par l’hydrogène pour carburant ? En , une navette maritime devrait naviguer sans polluer à Toulon.
Des panaches noirs s’échappent des cheminées des navires de croisière, cargo, porteconteneurs et autres ferries. Dans les grands ports de la Méditerranée, la pollution générée par le trafic maritime préoccupe. « Le transport maritime utilise du fioul lourd, particulièrement polluant. Il peut contenir jusqu’à 3,5 % de soufre, contre moins de 0,01 % pour les voitures, pointe Arnaud Vasquez, fondateur de la start-up Hyseas Energy qui veut développer l’hydrogène comme carburant alternatif.
« Un seul cargo équivaut à millions de voitures »
« Aujourd’hui, la pollution d’un seul cargo équivaut à environ 50 millions de voitures dans les cas où la teneur en soufre est encore de 3,5 %. À l’échelle mondiale, 90 % de nos échanges de produits manufacturés passent par la mer, ça donne des volumes gigantesques et, en vingt ans, le trafic maritime a augmenté de 300 %. » Bref, cette source de pollution n’est pas près de se tarir. « À ce rythme, estime l’Organisation maritime internationale (OMI), en 2050, le shipping générera 17 % des émissions de CO2. » L’enjeu en termes de santé publique est considérable. Une étude publiée en 2015 par l’université de Rostock (Allemagne) établi un lien entre les gaz d’échappement des cargos et des pathologies graves. À l’origine de maladies pulmonaires et cardiovasculaires sévères, ce rapport estime que les émissions du transport maritime sont responsables de 60 000 décès prématurés par an en Europe.
Le soufre va être réduit par sept
En 2020, la nouvelle réglementation internationale qui entrera en vigueur va améliorer la donne avec une réduction par sept (0,5 % contre 3,5 %) du taux maximal de soufre dans le carburant utilisé. Mais la France veut aller encore plus loin. L’État plaide pour la mise en place en Méditerranée d’une zone de limitation de la pollution des navires (ECA), comme il en existe déjà en mer du Nord ou dans la Manche. L’objectif : diviser encore par cinq (à 0,1 %) le taux de soufre autorisé et réduire les émissions d’oxyde d’azote. D’après l’étude commandée par l’État, avec la mise en oeuvre de cette mesure, la pollution au dioxyde d’azote pourrait baisser à Marseille (-5,5 microgrammes/m3), Toulon (-5 µg/m3), mais surtout à Nice (-8 µg/m3). « Le cap fixé par l’Organisation maritime internationale est de réduire en 2050 de 50 % les émissions par rapport à 2008. Mais où sont les technologies pour arriver à cet objectif ? », interroge Arnaud Vasquez.