Européennes : le Parti communiste retrouve ses couleurs
Le Parti communiste français (PCF) change de politique. Trop longtemps dans le compromis lors des dernières échéances électorales, le PCF a décidé d’en finir « avec l‘effacement » à l’occasion des prochaines élections européennes. S’il reste ouvert au rassemblement de la gauche – sa tête de liste Ian Brossat a encore récemment tendu la main, en vain, à Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon – le PCF affichera donc avec fierté ses propres couleurs le 26 mai prochain. Validée, plébiscitée par le vote des adhérents avec plus de 95 % des voix, la liste de 79 noms compte deux candidats varois.
Au service du collectif
Loin derrière Marie-Hélène Bourlard, figure du documentaire Merci patron ! qui pourrait bien être la première ouvrière française à entrer au Parlement européen, les Varois Sandrine Macigno et Emmanuel Trigo n’ont quasiment aucune chance d’être élus. Et ils le savent. Qu’importe ! « Ce n’est pas pour nous, pour des ambitions personnelles qu’on est candidat », confie Sandrine Macigno, technicienne à la base aéronautique navale de Cuers-Pierrefeu, qui a déjà derrière elle un long passé de militantisme syndical. « C’est une nouvelle occasion d’enfoncer le clou », renchérit Emmanuel Trigo, instituteur toulonnais depuis une vingtaine d’années et lui aussi syndicaliste. Baptisée « L’Europe des gens, pas l’Europe de l’argent », la liste PCF se veut « l’arc-en-ciel des blouses blanches, des gilets jaunes, des cols bleus, des robes noires, des bottes vertes et des chasubles rouges ». Audelà de cette belle formule, elle est surtout « représentative du monde du travail avec la moitié de salariés (ouvriers et employés) ».
Pour plus de social
Sandrine Macigno et Emmanuel Trigo s’y reconnaissent parfaitement. La première, salariée du « secteur étatique de défense », dénonce « les restructurations sanglantes subies depuis des décennies par l’industrie de défense nationale ». Conséquences : « Notre pays est aujourd’hui dans l’incapacité d’assurer sa propre défense ». Mettant en cause « le joug de l’Otan de Trump qui impose aux États membres un budget équivalent à 2 % de leur PIB et une politique d’opérations extérieures en lieu et place du concept de défense nationale », Sandrine Macigno invite les électeurs à faire abstraction de leur « méfiance », voire de leur « rejet des institutions ». Et d’insister : « Voter pour la liste du PCF, c’est voter pour une autre construction européenne que celle soumise à la finance au détriment des peuples ». Sans surprise, l’instit’ Emmanuel Trigo met l’accent sur la défense des services publics. L’Éducation nationale bien sûr, car « la jeunesse doit être au premier plan des priorités politiques puisqu’elle représente l’avenir de notre société ». Mais pas que. « Les services publics sont bien plus que des services au public. Ils contribuent à la cohésion, à la justice sociale, à la redistribution des richesses », martèle-t-il. Avant de réhabiliter, à l’opposé du discours ambiant de Bruxelles, « les bonnes dettes au service de l’investissement répondant aux besoins sociaux (santé, éducation, transport, transition écologique, communication, eau, énergie…) ».