Le Nutri-score sera-t-il obligatoire dans les pubs ?
Le Nutri-score, l’étiquetage sur la qualité nutritionnelle de la nourriture industrielle, sera-t-il obligatoire sur toutes les publicités alimentaires ? L’Assemblée nationale a fait jeudi soir un premier pas en ce sens, mais le chemin est encore long. Tard dans la nuit, les députés ont adopté en première lecture une proposition de loi déposée par La France insoumise, mais entièrement réécrite par la majorité.
Dérogation contre une contribution
La principale mesure adoptée porte sur l’affichage obligatoire du Nutri-score sur les supports publicitaires pour l’alimentation. Conçu par Santé publique France (l’Agence nationale de santé publique), « le Nutriscore est un moyen pour M. et Mme Tout-le-monde de se repérer par rapport à la qualité des aliments, et est pour les industriels une façon d’améliorer leurs produits. » Cette échelle graphique combinant code couleurs et lettres classe les produits alimentaires en 5 catégories (des lettres de A à E colorées du vert au rouge), en fonction de leurs qualités nutritionnelles. Elle permet de comparer différentes versions d’un même produit transformé (plats cuisinés, pizzas, conserves, biscuits, etc.). L’entrée en vigueur de la mesure est théoriquement fixée au plus tard au 1er janvier 2021 pour laisser aux professionnels le temps de s’adapter. Les annonceurs pourront y déroger mais devront en contrepartie verser une contribution à Santé publique France. Par ailleurs, pour « les messages publicitaires sur Internet, télévisés ou radiodiffusés, l’obligation ne s’appliquera qu’aux messages émis et diffusés à partir du territoire français et reçus sur ce territoire », précise le texte. Dans tous les cas, cette mesure n’en est qu’au début de son parcours parlementaire et doit maintenant passer devant le Sénat. «Si la loi était votée, ce serait une avancée majeure pour la santé publique », estime le directeur général de Santé publique France, François Bourdillon.
Le gouvernement y est opposé
Autre obstacle à l’entrée en vigueur définitive de la mesure : le texte adopté l’a été contre l’avis du gouvernement, qui fait valoir que cela pourrait aller à l’encontre du droit européen. Un discours également porté par l’organisme qui représente les industriels, l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), mais que conteste Santé publique France. Le droit européen a en tout cas toujours empêché de rendre le Nutri-score obligatoire sur les emballages des aliments eux-mêmes. Son apposition sur les emballages dépend donc d’une démarche volontaire des industriels. Certains s’y sont mis, mais de grandes multinationales refusent toujours de le faire.