Carrefour Ollioules menace de taper les Gilets jaunes au portefeuille
Une cinquantaine de Gilets jaunes occupaient hier matin le rond-point d’accès à Carrefour Ollioules. Sur leurs pancartes, le rappel des revendications du mouvement et quelques slogans hostiles à la grande distribution. En revanche, pas de barrage filtrant ni de blocage des entrées à la galerie commerciale, comme ce fut le cas le week-end dernier. Et pour cause. « Ce samedi-là, on était au moins 120, raconte fièrement ce manifestant. Les clients ne passaient pas. » Seulement, du côté de Carrefour, c’est peu dire que la pilule non plus n’est pas passée. Quelques jours après cette démonstration de force, une participante du mouvement a en effet été convoquée au commissariat.
« euros de préjudice » subi
Là, elle a appris que l’entreprise la menaçait de poursuites pour sa responsabilité dans les pertes subies par l’hypermarché le 16 février. Sur la lettre que l’avocate de la société lui a envoyée, La plupart des Gilets jaunes qui occupaient hier le rond-point à proximité de Carrefour Ollioules ne souhaitent plus être photographiés à visage découvert « par peur des représailles ».
on peut ainsi lire : « Votre attitude (celle des Gilets jaunes, Ndlr) est à l’origine d’un préjudice très important pour ma cliente (Carrefour, ndlr) qui a évalué à 331 000 euros la perte de son chiffre d’affaires pour la journée du samedi 16 février et sera contrainte d’envisager des licenciements si la situation venait à se reproduire dans les semaines à venir. » Et de menacer : « Si vous veniez à participer d’une quelconque manière à cette manifestation illicite, ma cliente vous tiendra pour responsable
et j’ai reçu pour instruction de saisir la juridiction compétente aux fins d’obtenir le remboursement du préjudice subi. Il vous appartiendra de vous retourner vers les autres manifestants pour éventuellement obtenir une condamnation solidaire puisque ma cliente (Carrefour, Ndlr) est libre de réclamer l’indemnisation directement à l’un des participants. » Aujourd’hui, celle qui souhaite être appelée « GJ » pour garder son anonymat ne comprend pas pourquoi elle est la seule à avoir été
convoquée. Ses camarades, eux, souhaitent se serrer les coudes. « On est présent aujourd’hui sur ce rond-point pour lui montrer notre solidarité mais aussi pour manifester contre cette inadmissible répression. On réfléchit aussi aux suites à donner en termes médiatiques et d’actions pour empêcher que notre collègue soit inquiétée. » En attendant, si les manifestations devant Carrefour Ollioules continuent, elles ne visent plus à bloquer les accès à l’hypermarché. Des bouchons à l’est, des bouchons à l’ouest et, en surface, des Gilets jaunes qui battent le pavé toulonnais en criant leurs slogans. Dans la plus grande ville du Var, les samedis se suivent et se ressemblent. Et même si le nombre de manifestants a sensiblement baissé – un peu moins d’un millier de personnes hier – la motivation reste intacte pour les partisans du « RIC ». Le parcours du groupe principal, lui, s’est arrêté devant le stade Mayol en fin de journée, où le bus des joueurs du RCT s’est d’ailleurs permis de déroger à la tradition d’un arrêt sur l’avenue de la République pour lui préférer, sécurité oblige, un stop sur la place Besagne. Mourad Boudjellal, qui a plusieurs fois égratigné le mouvement, a peut-être ensuite entendu, depuis les travées, les quelques noms d’oiseaux qui lui étaient destinés. S’il est à signaler qu’aucun dégât ni heurt avec les forces de l’ordre n’avaient été à déplorer en début de soirée, de petits groupes ont tout de même tenu à continuer la manifestation en ville, envahissant un temps la gare et un fast-food du centre.