GRAND PRIX DU QATAR (- MARS) « D’abord rester calme et lucide »
Impatient d’en découdre avec les cadors de la catégorie reine, Fabio Quartararo, le benjamin niçois du paddock, ne se laisse pas griser par son chrono canon (2e) réussi lors des derniers essais
Marc Marquez ? Derrière Valentino Rossi ? Itou Jorge Lorenzo ? Même punition Franco Morbidelli, son nouveau voisin de box ? Pareil Tout comme Andrea Dovizioso et Johann Zarco entre autres... Tous derrière et lui devant, ou presque ! Lors de l’ultime répétition générale du championnat du monde MotoGP, sur le circuit de Losail qui accueillera la manche d’ouverture (Grand Prix du Qatar) en fin de semaine, Fabio Quartararo a affolé le chrono : meilleur temps absolu à ’’ de la référence signée Maverick Viñales, rien que ça ! Plutôt correct pour un rookie de ans, vous en conviendrez. Aujourd’hui, sûr que Yamaha ne regrette pas une seconde de lui avoir donné sa chance au sein du Petronas Sepang Racing Team, l’équipe satellite succédant à Tech créée de toutes pièces en fin de saison dernière. Au bout d’une ascension en dents de scie, le petit prodige niçois semble enfin avoir trouvé l’équilibre propice à l’expression du talent hors norme qui est le sien. En témoignent les propos empreints de sagesse qu’il nous a tenus hier, juste avant de redécoller vers le Moyen-Orient, théâtre de son imminent baptême dans la cour des as du guidon.
Fabio, si on vous avait dit il y a un mois, après les essais de Sepang
temps), que vous réaliseriez un tel bond en avant au Qatar...
(e Sûr que j’aurais eu du mal à le croire. Naturellement, à Losail, on y allait avec l’envie de poursuivre notre montée en puissance. Franchir un nouveau palier. De là à imaginer finir aussi haut... Non, impossible ! Le e chrono décroché d’entrée, le samedi, m’avait déjà surpris. Pas mal pour une prise de repères. Ensuite, le feeling est allé crescendo : e dimanche, e lundi. Difficile de rêver mieux pour clôturer l’apprentissage.
Quelle était votre priorité à l’abord de cet ultime galop d’essais collectifs ?
Par rapport à la Malaisie, il fallait surtout améliorer le mode qualif’. C’était un peu mon point faible jusque-là. Dès mes premières boucles rapides, je me suis senti à l’aise, capable d’exploiter pleinement le potentiel de la machine, voilà !
Pour signer ce fameux chrono, vous avez réussi le tour parfait ?
(Du tac au tac) Non ! Mais presque... Là, il ne s’agissait pas d’une véritable simulation qualif’ où l’on enchaîne deux runs de trois tours en chaussant des pneus neufs lors du pit
stop intermédiaire. Bref, les conditions n’étaient pas optimales, mais sur le coup, j’ai vu que ça allait très vite.
Cette progression spectaculaire, elle résulte d’un déclic ? D’un secret ? Dites-nous, Fabio : quelle est la clé de la réussite ?
(Il se marre) En fait, à Sepang, nous étions focalisés sur les phases de freinage. Moi, je ne pensais qu’à ça. Parce qu’il me fallait impérativement optimiser ce paramètre essentiel. Là-bas, j’ai beaucoup observé Morbidelli, Viñales. De quoi comprendre certaines petites subtilités. Ensuite, j’ai réfléchi, beaucoup cogité. Et à Losail, je me suis rendu compte tout de suite que je freinais plus fort. C’était plus efficace.
Et maintenant, qu’aimeriez vous encore améliorer en priorité ?
Franchement, je pense qu’en rythme course, il y a moyen de grappiller un dixième ou deux sur les derniers tours, avec des pneus dégradés.
Comme en , lors de vos débuts remarqués en Moto, les éloges pleuvent, on attend monts et merveilles. Vous gardez la tête froide ?
Ah oui ! La pression, maintenant, je sais ce que c’est. J’ai payé cher pour apprendre à la gérer. Tenez, on me pose régulièrement la question de l’objectif en ce moment. Pas question de mettre la charrue avant les boeufs. Fixer la barre plus haut que de raison ? Non, merci. Ce cap, je veux l’aborder sereinement, sans me précipiter. Sans prise de tête. Dans l’immédiat, je dois apprendre, grandir. Les résultats viendront, je le sais.
Vu de l’extérieur, on dirait que l’équipe Petronas Yamaha Sepang Racing Team tourne déjà à plein régime. Vous confirmez ?
Absolument. J’ai l’impression que tous ces gens travaillent ensemble depuis longtemps alors qu’il n’en est rien. L’équipe a vu le jour il y a six mois. Elle est neuve ! Mais elle s’appuie sur des hommes très expérimentés (notamment les anciens pilotes Johan Stigefelt et Wilco Zeelenberg, qui tiennent les commandes, ainsi que Ramon Forcada, le chef mécano de Morbidelli, ndlr). Bref, elle a les moyens de ses ambitions.
Yamaha a finalement décidé de vous confier une M millésime . C’est une marque de confiance supplémentaire, non ?
En effet. Je n’ai pas cherché à comprendre pourquoi ils ont changé d’avis. Cette machine, je la prends volontiers, croyez-moi ! Sans doute que nous ne disposerons pas des mêmes spécifications que les pilotes du team usine (Valentino Rossi et Maverick Viñales). Mais c’est quand même une moto extraordinaire. A moi de savoir en faire bon usage.
Hervé Poncharal, le patron du team varois Tech qui connaît bien la marque aux diapasons, dit que c’est la machine idéale pour débuter en MotoGP. D’accord avec lui ? Vous êtes prêt ?
Prêt et pressé d’y être. Là, je ne vous cache pas que j’appréhende un peu l’instant du départ. Nul doute que ce sera une source de stress...
Pourquoi ?
Quelle que soit la catégorie, le premier ‘‘décollage’’ constitue toujours un moment fort. De quoi générer une certaine excitation. Bon, je me suis bien entraîné cet hiver. Sur la grille, il faudra juste faire le vide dans la tête. Concentration extrême de rigueur.
Une moto extraordinaire ”