Une clé USB égarée au centre des débats
La cour d’assises spéciale d’Aix-en-Provence cherche des preuves de ses démarches d’infiltré volontaire pour dénoncer un trafic international de cocaïne
On a reparlé de la société nouvelle trans hélicoptères services (SNTHS), hier devant la cour d’assises spéciale, qui juge le procès Air cocaïne à Aix-en-Provence. Cette fois, à travers le témoignage du troisième associé de la compagnie, Olivier Ginon.
Le troisième associé de la compagnie
Cet entrepreneur lyonnais, dont les affaires internationales prospèrent dans vingt-cinq pays et jusqu’en Chine, a expliqué qu’il avait de l’amitié pour la famille Dreyfus, notamment pour l’oncle de Pierre-Marc, qui avait dirigé la société d’origine, Trans hélicoptères services. Une société dont il avait utilisé les services d’aviation d’affaires pendant de nombreuses années, jusqu’à ce qu’elle se trouve en cessation de paiements. « À ce moment, j’ai pris 16 % des parts de la société nouvelle, créée par son neveu Pierre-Marc. J’ai décidé d’aider ces jeunes. La SNTHS a fait 3,8 millions d’euros de chiffre d’affaires la première année. » « En mars 2013 il y a eu des problèmes (N.D.L.R. : l’arraisonnement du Falcon 50 à Punta Cana). J’ai demandé un audit à une société spécialisée dans la sécurité des transports aériens. Il a été rendu en maijuin 2013. « Je me suis alors séparé de mes parts pour 1 euro. Il n’était pas question que je reste dans ces problèmes. Ce sont des préoccupations normales d’entrepreneur. » Pour autant, Olivier Ginon n’a témoigné aucune rancoeur vis-à-vis de Pierre-Marc Dreyfus et Fabrice Alcaud. « Ce n’est pas parce qu’on n’est pas un bon entrepreneur à un moment donné qu’on est un mauvais garçon. »
Frank Colin cherche la clef de sa défense
La cour s’est ensuite penchée sur l’entourage de Frank Colin, plus particulièrement sur sa thèse d’une implication volontaire dans un trafic international de stupéfiant, afin d’infiltrer un réseau pour pouvoir le dénoncer, et parvenir ainsi au statut d’informateur rétribué. Il a dit avoir tenté des démarches en ce sens, bien avant l’arraisonnement de Punta Cana. Mais il semble que les interlocuteurs qu’il a pu trouver ont tous été contactés après. Il avait cependant parlé de cette infiltration auparavant à l’un de ses amis d’enfance toulonnais, Christophe Dominici, ex-rugbyman professionnel, désormais « dans les affaires à Paris ». « Il m’avait demandé d’organiser une réunion avec Sarkozy quelques mois avant son interpellation, parce qu’il avait infiltré un groupe d’importation de cocaïne. « Il m’a rappelé de la prison pour avoir des rendez-vous avec des politiques, en me disant qu’il avait des informations, toutes codées. » Informations dont Franck Colin a déclaré qu’il avait remis une copie, sur une clef USB, confiée à un autre ami, le douanier FrançoisXavier Manchet. Après l’affaire de Punta Cana, il avait contacté ce dernier pour lui demander de la détruire. Et avait conservé la clef originale. « Si cette clef prouve votre innocence, elle est nécessaire et elle intéresse la cour », a réagi le président Tournier. « Je ne sais plus où elle est , a répondu Colin. Je ne sais pas si elle est chez moi. Je vais essayer de faire en sorte de pouvoir me la procurer. » La cour entendra aujourd’hui les personnes qu’il avait contactées dans le même but.