Prison avec sursis contre un Gilet jaune Au tribunal
Un Toulonnais comparaissait pour entrave à la circulation et participation à un attroupement lors d’une manifestation au péage de Bandol en décembre dernier
Etait-il au mauvais endroit, au mauvais moment ? Toujours est-il que ce jeune homme de 23 ans, livreur de pizza dans la vie, a été interpellé lors d’une manifestation de Gilets jaunes au péage de Bandol, le 11 décembre dernier. Hier, il a été condamné par le tribunal correctionnel à deux mois de prison avec sursis et 130 heures de travail d’intérêt général à faire. Poursuivi pour « entrave à la circulation des véhicules et participation sans arme à un attroupement après sommation de se disperser », il avait été appréhendé après avoir déposé sur l’autoroute A 50 des palettes en bois.
« Voir si on allait perdre le péage ou pas... »
«Vous vous trouviez sur l’échangeur de l’A 50 et, malgré les injonctions par mégaphone des forces de l’ordre de quitter les lieux, vous êtes resté sur place » ,aindiqué Patricia Krummenacker, la présidente de la juridiction. «Ce soir-là, des canettes ont été jetées sur les policiers et gendarmes mobiles présents. Des pierres aussi », a repris la présidente. « Je reconnais avoir déposé des palettes en bois pour bloquer la circulation mais elles n’étaient pas enflammées contrairement à ce qui a été dit », a répondu le mis en cause. « Pourquoi ne pas être parti, alors ? ». « Dans le mouvement, j’avoue que je n’ai pas réfléchi. Je suis resté pour voir si on allait perdre le péage ou pas », a-t-il rétorqué. Ce qui a eu le don de faire bondir les magistrats : « Perdre le péage ? Ah bon ? Il est à vous ce péage ? ». « Non, c’est une expression...», s’est justifié le Toulonnais.
« L’irresponsabilité ambiante ! »
Au banc du ministère public, le magistrat a résumé : « Enflammées ou pas, ces palettes représentaient un obstacle à la circulation et l’infraction est caractérisée. Ce qui me fatigue avec les gilets jaunes, c’est l’irresponsabilité ambiante qui y règne. Monsieur, pour vous faire entendre, il y a d’autres moyens d’expression que de jeter des palettes et bloquer l’autoroute ! ». Il a requis à son encontre deux mois de prison avec sursis et une obligation d’effectuer 130 heures de travail d’intérêt général. En défense, Me Bertrand Pin a tout d’abord demandé au tribunal de reconnaître la nullité de la citation dans le sens où la prévention vise un délit politique. Pour son client, il a remis les choses dans leur contexte de décembre dernier, lorsque le mouvement des gilets jaunes était fort : « Or, ce jeune homme ne portait rien sur lui : même pas un briquet ! Les palettes, il les a posées mais n’a pas mis le feu. En fait, il est le petit mouton qui s’est retrouvé embarqué... Ce soir-là, à Bandol, manifestants et forces de l’ordre jouaient au chat et à la souris. Mais mon client n’a pas jeté une seule pierre, ni insulté un policier. Il a été interpellé sur place et a passé deux nuits complètes en garde à vue pour 25 minutes d’audition...». Plaidant l’indulgence du tribunal, il a été entendu. L’infraction de participation à un attroupement a finalement été abandonnée.