Agression en prison : la maison d’arrêt bloquée
Pour manifester leur colère face aux agressions subies en milieu carcéral, les syndicats FO et CFDT ont empêché l’accès au centre pénitentiaire de Draguignan hier. Et ils ne comptent pas s’arrêter là
Comme un peu partout en France, l’établissement pénitentiaire dracénois a été bloqué hier matin par un petit groupe de militants syndicaux, en réaction aux agressions constatées en milieu carcéral la veille. Pour rappel, un détenu radicalisé a poignardé deux surveillants au sein de l’unité familiale de la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe. « Des tentatives de meurtres, des attentats terroristes », ne manquent pas de requalifier les représentants Force ouvrière et CFDT, mercredi devant les portes du pénitencier. Ici comme ailleurs, on ne supporte plus que le personnel de l’administration pénitentiaire soit ainsi régulièrement mise en difficulté par les détenus. « Il nous faut des moyens supplémentaires », assène-t-on, avant que les forces de l’ordre ne délogent ceux qui bloquaient l’accès à la maison d’arrêt. Un blocage qui a notamment provoqué l’annulation des tours de parloir du matin, et qui est susceptible d’être reconduit ce matin.
« Les agents viennent travailler avec la boule au ventre »
Parmi les mesures réclamées par l’intersyndicale, figure en bonne place « la révision du poste indemnitaire ». Une revalorisation salariale, en somme. « Sans cela, le métier n’est pas attractif, et on ne peut pas recruter », affirment Christine Villelongue, Philippe Abime (FO) et Didier Di-Giovanni (CFDT). Mais ce n’est pas là l’essentiel. Car ce qui chiffonne vraiment le personnel pénitentiaire, c’est l’absence de dialogue avec une garde des Sceaux pourtant confrontée à de nombreuses agressions en milieu carcéral. « On se retrouve dans la En haut, les délégués syndicaux qui discutent des modalités de la reconduction du mouvement. À droite, les forces de l’ordre délogent les bloqueurs… non sans une bienveillance complice.
même situation, sans cesse. Et ces agressions sont devenues banales. » Or, il n’est pas acceptable, pour les syndicalistes, de constater que « les agents viennent avec la boule au ventre ». Et d’ajouter : « On ne sait jamais ce qu’il va se passer dans la journée. » C’est de cette réalité que le groupe veut témoigner. « Nous sommes sur le terrain, nous avons des choses à
dire. Encore faut-il qu’on nous écoute… » Les fouilles systématiques dans les parloirs, des scanners de type aéroport pour déceler les objets dangereux même non métalliques, la création d’établissement dédiés à certains profils plutôt que des quartiers… Les idées ne manquent pas. La colère n’en est que plus grande.