Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Notre santé est dans l’assiette »

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L’alimentati­on bio ? Depuis de longues années, Catherine et Michel Rullière – 63 et 71 ans – ne jure que par elle. « Si l’on peut éviter ces horreurs et, au passage, ne pas contribuer à engraisser tous ces lobbys… Alors c’est tout bénef pour nous ! », grince le couple de Lorguais. Et pourtant, ce raisonneme­nt n’a pas toujours été le

leur… « Pour ma part, j’ai pris conscience de l’importance d’une bonne alimentati­on dans les années 80, glisse

Catherine. Au début, mes proches étaient plutôt réticents à l’idée de ne consommer que du bio. » Elle sourit à

son époux. « Même Michel me disait : oh arrête tes bêtises ! Et puis, au final, on ne peut plus s’en passer. »

L’appât du gain plus fort que tout

Quitte à ce que le porte-monnaie en

pâtisse ? « Les produits bio ne sont pas toujours plus chers, assure Catherine. En étant vigilant et attentif, il est tout à fait possible de trouver des prix raisonnabl­es, et parfois moindres que les autres. » Volontaire­s et fermes dans leur démarche, Catherine et Michel n’en restent pas moins inquiets face à l’avenir… « Peut-on espérer un jour une alimentati­on

totalement saine ? Pour le moment, il faut le dire, l’appât du gain est plus fort que tout. » Que dire des déclaratio­ns du président de la République ? « Je l’appelle l’éolienne, sourit Catherine. Il brasse, il brasse, avec un zeste d’hypocrisie. Car en réalité il n’en a rien à faire que son petit peuple mange des cochonneri­es. Comment peut-on avoir confiance en cet homme, et ceux qui l’entourent ? Tous se disent : tant que nos enfants et petits-enfants sont protégés, tant pis si le reste du monde crève. Et tant que ce raisonneme­nt se fera, la situation n’est pas près d’évoluer. Dans cent ans, peut-être ? Et encore, si notre planète n’est pas entièremen­t empoisonné­e d’ici là. »

Une vision que partage Marie Bruyant… « Nous avons fait notre conversion lorsque les enfants étaient petits, il y a plus de vingt ans, confie cette maman, habitante de Saint-Antonin-du-Var. Pas facile, l’adaptation a nécessité plusieurs années. » Mais aujourd’hui, Marie et sa famille savent ce qu’ils veulent. Ou plutôt, ce qu’ils

ne veulent plus. « Je n’ai pas mis les pieds dans un supermarch­é depuis presque huit mois, souligne-t-elle. Mes produits alimentair­es, je les achète uniquement en magasin bio. »

Mais pourquoi délaisser le bio en supermarch­é ? « Certains labels ont perdu de leur sérieux, regrette Marie. Puis, le bio industriel perd toute sa valeur, et ce n’est pas ce que nous recherchon­s.

En vingt ans, ni mon mari, ni moi n’avons pris un médicament. Il est évident que la santé se trouve dans nos assiettes ! » La mère de famille va

même plus loin : « Au lieu de faire un label bio, pourquoi ne pas faire un label chimique ? Du temps de nos grands-parents, on ne se posait pas la question du bio/pas bio, car la chimie n’existait pas. Aujourd’hui, les lobbys s’emparent du bio dans les supermarch­és. Et comme il y a du fric à faire, il est en passe d’être normalisé. »

« L’heure tourne… »

Et si le glyphosate venait à être interdit ? « Ce serait formidable ! Mais que vont-ils nous mettre à la place ? À l’heure actuelle, on interdit le Roundup mais on autorise le glyphosate. Si demain on interdit ce dernier – il faudrait d’ailleurs le faire dans l’alimentati­on humaine et animale –, on va forcément accepter autre chose. Ces saloperies ne disparaîtr­ont pas. Elles porteront juste un autre nom. » Marie a

beau réfléchir : « On est loin d’être sorti du problème. Mais si on veut rester en bonne santé, le bio est la seule solution. Il n’y a pas d’autre issue. L’heure tourne… Et il est déjà presque trop tard. »

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À l’instar de Marie, Catherine et Michel ne jurent que par le bio.
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