Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un peu de Monaco dans le Van Gogh de Schnabel

Diffusé sur Netflix, le dernier film de Julian Schnabel, dédié au peintre Van Gogh, fonde son scénario sur la découverte de 65 dessins non authentifi­és révélés, en 2016, par un expert basé à Monaco

- Dossier : Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : Franck BAILLE, Patrice LAPOIRIE et production

Àdéfaut de porter le sceau de l’authentici­té et de la vérité historique, puisque non reconnue par le Van Gogh Museum d’Amsterdam, la découverte de 65 dessins attribués à Van Gogh par le président de l’hôtel des ventes de Monte-Carlo, Franck Baille, est d’ores et déjà gravée dans l’histoire du 7e Art. Disponible depuis le 15 février dernier sur la plateforme Netflix, le dernier film réalisé par Julian Schnabel, Van Gogh - At Eternity’s Gate , reprend en effet les théories initiées par Franck Baille, étayées par le travail scientifiq­ue de deux sommités spécialist­es de Van Gogh – Bogomila Welsh et Ronald Pickvance – et publiées aux éditions du Seuil fin 2016, quant au séjour arlésien de l’artiste torturé entre 1888 et 1890. L’époque la plus faste dans la création de Van Gogh. Celle aussi de l’oreille coupée, de la rencontre avec Gauguin, de l’internemen­t, puis de la mort, à Auverssur-Oise, le 29 juillet 1890.

« Julian Schnabel y a cru à   % tout de suite »

Déjà auteur d’un long métrage sur Basquiat, Julian Schnabel signe ici un nouveau portrait d’artiste audacieux. Lui-même peintre, le réalisateu­r américain livre son film «le plus personnel ». Un voyage subjectif, résumé par une tirade d’un Willem Dafoe parfait en Van Gogh (lire ci-dessous) : « Quand je suis devant un paysage plat, je vois une porte vers l’éternité. » Et tous les possibles… Un film esthétique­ment bluffant, servi par un casting 5 étoiles (Mads Mikkelsen, Rupert Friend, Oscar Isaac, Mathieu Amalric, Niels Arestrup, Emmanuelle Seigner…), dont le scénario a été bouleversé et orienté par la découverte de Franck Baille, révélée fin 2016. « Nous nous sommes rencontrés lors de la conférence de présentati­on du livre, fin 2016 à New York. Schnabel y a cru à 1 000 % tout de suite et a bien étudié l’histoire. Il avait déjà un scénario en cours et, dès janvier 2017, il est venu voir les dessins à Paris avec son co-scénariste, JeanClaude Carrière. Puis, il est revenu avec Willem Dafoe », rembobine Franck Baille, qui espère que ce film « donnera un peu plus matière à réflexion » à ses détracteur­s, « qui jugent plus avec les oreilles qu’avec les yeux ». Le film n’en reste pas moins une fiction et Schnabel réfute l’idée de biographie, même s’il estime aller plus loin que le Van Gogh de Maurice Pialat (1991).

« C’est un miracle »

Une oeuvre qui n’aura malheureus­ement pas les honneurs des salles obscures, comme le justifiait récemment l’auteur à Télérama. « Les responsabl­es de Netflix ont des conviction­s. Aux États-Unis, mon film a été distribué en salles par CBS Films et il nous a fallu nous battre pour exister (...). Willem est nommé pour l’oscar du meilleur acteur mais c’est un miracle, on a dû suer sang et eau pour que le film soit vu. » Et se mouiller aussi, car en réinterpré­tant le scénario de la mort de Van Gogh et en intégrant le carnet retrouvé de Franck Baille dans le processus créatif de l’artiste hollandais, Schnabel a bousculé les codes et irrité certaines institutio­ns.

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Julian Schnabel (au centre), ici avec sa compagne Louise Kugelberg, a tenu à rencontrer Franck Baille à Paris pour voir les dessins. Avant de revenir, avec Willem Dafoe (à droite).

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