Aux confins de l’espace
capables d’observer la faune des abysses, et même les bioluminescences, vont également être utilisés. « Grâce à toutes ces données, on va pouvoir suivre l’évolution du climat, mieux connaître les écosystèmes et même étudier les risques sismiques », se félicite l’ingénieur. Toujours dans cette quête de connaissances de la mer, le CNRS s’est doté en 2008 d’un parc national de gliders. Très utilisés, notamment sur les radiales Marseille-Baléares et NiceCalvi, ces planeurs sousmarins autonomes qui enchaînent les descentes et les remontées, et se déplacent sur des centaines de kilomètres grâce au courant, ont vu leur nombre diminuer au fil des années. « Certains se sont perdus en mer, d’autres sont hors service, faute de pièces de rechange », confie JeanJacques Fourmond, le directeur de la DT Insu. Mais le concept est loin d’être abandonné. Pour preuve, « on vient d’acquérir Sea Explorer, un tout nouveau glider de fabrication française », confie Jeanne Melkonian, la responsable du parc. S’ils sont très régulièrement utilisés dans le cadre du projet Moose (Mediterranean Ocean Observation multi-Sites on Environment), la Grande Bleue n’est pas le seul terrain de jeu de ces concentrés de technologies, à plus 150 000 euros l’unité. « En 2016 on en a utilisé pour mesurer l’incidence du phénomène El Niño sur la pêche, l’agriculture et même les incendies aux États-Unis », raconte Jeanne Melkonian. Plus récemment, fin janvier, « deux gliders ont été dépêchés à La Réunion. Les données récoltées dans les 200 premiers mètres de profondeur devraient permettre de mieux connaître les cyclones, et donc de prévoir leur formation de façon plus précise ». De La Réunion à l’Antarctique, il n’y a qu’un pas. Ou presque. S’il est un ingénieur de la DT Insu qui connaît bien ce continent gelé, c’est Laurent Augustin. Cet ancien du laboratoire de glaciologie de Grenoble a passé quatre ans de sa vie sur la calotte glaciaire du pôle Sud. Il en a « ramené » une carotte de 3 270 mètres ! « un carottier avec marteau hydraulique fond de trou, montable sur une barge de 4 x 7 mètres – est aujourd’hui opérationnel. « II a été testé avec succès sur le lac du Bourget. Il va servir à étudier le climat régional dans les lacs. Mais pas que. Les carottes de sédiments peuvent nous renseigner sur des tremblements de terre passés, l’énergie de ces séismes », indique Laurent Augustin. Ce dernier a par ailleurs participé à une campagne de carottage au Brésil, à proximité de São Paulo, dans le cratère Colônia attribué à… une météorite. Retour dans l’espace !
Des planeurs sous-marins pour mieux connaître les phénomènes climatiques ” La Seyne, capitale du carottage scientifique ”