Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Réseaux sociaux : ils ont changé la donne

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Avec l’arrivée des réseaux sociaux, le lien à l’informatio­n s’est profondéme­nt modifié. Notre lectorat s’est réduit mais la part des personnes ayant accès à un réseau social a explosé. Le problème, c’est que ce qui y circule est incontrôla­ble. Les fake news y sont légion. C’est un peu le royaume de « c’est le dernier qui a parlé qui a raison ». Toute la question est donc de savoir s’il faut relayer pour expliquer au public que l’informatio­n est erronée (au risque de médiatiser un fait qui n’aurait pas été connu de tous), ou bien ne rien faire et laisser l’incendie s’éteindre de lui-même ? Pour Charles Guépratte, les réseaux sociaux représente­nt « une zone de non-droit total où la parole n’est pas contrôlée. De ce fait, nous avons parfois besoin de rétablir la vérité via des canaux de communicat­ion fiables (la presse donc, Ndlr) ». Mais globalemen­t,

« [au CHU] on considère qu’on est dur au mal. On répond peu sur les réseaux sociaux parce qu’on estime que cela ne sert à rien. On le fait seulement lorsqu’il y a des mises en causes

Entre info et recherche d’audience

« Aujourd’hui, le CHU c’est un demi-million de consultati­ons par an,   passages aux Urgences,   séjours hospitalie­rs… et aussi des milliers de plaintes et de réclamatio­ns, souligne Charles Guépratte. Le CHU est donc un “bon client” pour la presse parce qu’il offre des aspérités, il est source de contenus… Et c’est aussi une cible toute désignée pour les journalist­es, qui ne comprennen­t pas que la direction ne répond pas toujours à leurs sollicitat­ions. » Pas toujours, mais bien plus souvent nominative­s. On essaie de réguler, de faire une veille. Mais je crains que ce ne soit un combat perdu. » Le Dr Fabrice Tiger résume bien la problémati­que : « Il y a des médias qui sont libres et responsabl­es, la presse, et d’autres qui sont juste libres, les réseaux sociaux, mais eux, n’endossent pas de responsabi­lité. »

Pour Charles-Hugo Marquette, pneumologu­e au CHU de Nice, «lapression du temps ne permet pas de faire une analyse. » Autrement dit, les journalist­es se sentent obligés de reprendre

que dans le passé. « Il y a  ans, je vous aurais dit [à la presse] que je suis fonctionna­ire, avec un devoir de réserve. Mais les choses ont changé. Notre relation avec les médias est indispensa­ble parce que nous avons un devoir de transparen­ce vis-à-vis des patients. » Pour le Dr Muriel Jourdan (hôpital gériatriqu­e privé Les Sources), « on est à l’époque du sensationn­el, du titre accrocheur. » Et le DG du CHU d’approuver : « C’est plus simple de faire de l’émotionnel que de rentrer dans l’analyse. Selon une informatio­n diffusée via les réseaux sociaux dans un temps tellement court qu’il ne permet pas toujours de prendre le recul nécessaire. Sylvain Lambert, directeur du groupe Saint George note que : « Nous (établissem­ents de santé, Ndlr) avons tous vocation à avoir des informatio­ns

relayées dans la presse. La publicatio­n d’infos non maîtrisée via les réseaux sociaux constitue une grande difficulté en termes de communicat­ion. » l’angle choisi, on est clairement dans la recherche d’une forme de sensationn­alisme. » En toute franchise, il est vrai que parfois, les médias – et notre titre ne fait pas exception – publient des articles avec des titres destinés avant tout à attirer le lecteur. Certains auraient pu être évités. L’erreur est humaine. Mais comme le souligne Pascale Primi, journalist­e : « Nous travaillon­s souvent dans l’urgence, nous sommes des êtres humains ; parfois, nous commettons des erreurs ».

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Michel Salvadori, institut Arnault-Tzanck.

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