CNRS, 80 ANS DE SCIENCES ET D’INNOVATIONS
Le Centre national de la recherche scientifique fête ses quatre-vingts ans. C’est l’occasion de mettre en avant quelques-unes des plus belles contributions de la délégation régionale…
À l’occasion des 80 bougies du Centre national de la recherche scientifique, Var-matin vous amène à la découverte de quelques-uns des laboratoires présents dans la région.
Créé en 1939, le Centre national de la recherche scientifique jouit d’un capital confiance sans équivalent. Ses 33 000 agents, disséminés dans plus de 1 000 laboratoires en France, exercent dans toutes les disciplines, sciences humaines incluses. Dans les Alpes-Maritimes et le Var, le CNRS, c’est à la fois 900 personnes et un riche inventaire de contributions au progrès. En témoigne la médaille d’or du CNRS attribuée en 2017 au physicien de Nice Alain Brillet. Mais aussi la chasse sous-marine au neutrino, ces particules élémentaires qui traversent l’espace, organisée depuis la Division technique de l’Institut national des sciences de l’Univers, installée à La Seyne-surMer. Ou encore la vente récente à un géant américain d’une start-up née d’un programme azuréen.
Des applications dans la vie quotidienne
La population n’est pas oubliée. Chacun est invité à s’associer à ce 80e anniversaire. Ne serait-ce que pour vérifier cet élément essentiel de l’ADN du CNRS : ses recherches trouvent régulièrement des applications très concrètes dans notre quotidien. Que ce soit en matière de pilotage des drones, de réalité virtuelle sur smartphone ou de lutte contre le harcèlement des adolescents sur les réseaux sociaux. Jusqu’à la fin de cette année, les conférences se succéderont dans toute la région. Le lien c-a.cnrs.fr/80ans permet d’accéder au programme détaillé de ces rencontres. Nul besoin d’être « pointu » pour participer, les chercheurs savent se mettre à notre portée. C’est une raison supplémentaire de mobiliser enfants et adolescents : on n’est jamais à l’abri d’une belle vocation.
Olivier Meste dirige le laboratoire d’informatique, signaux et systèmes de Sophia Antipolis, I3S. Qui explore de nombreux domaines relevant de l’intelligence artificielle et a reçu, en 2018, le trophée de l’INPI (Institut national de la propriété industrielle). Nice fait d’ailleurs partie des quatre candidats présélectionnés – sur douze initialement identifiés – dans l’appel à projets lancé par le président de la République, après le rapport du député LREM Cédric Villani, via un grand emprunt. Outre la recherche fondamentale, certains champs d’investigation ont des applications si concrètes qu’elles se sont traduites par la création de plusieurs brevets et start-up. L’une d’entre elles, « Pixmap », vient d’être cédée à un géant de l’informatique. La technologie qu’elle développe permet aux robots, quel que soit leur mode de locomotion, de percevoir l’environnement en trois dimensions, et de s’y localiser. Ce qui renforce considérablement leur autonomie.
Alzheimer, sport et opérations du coeur
Une autre, « Cintoo », permet notamment d’exploiter sur un smartphone les données 3D massives, de type « relatif data ». Soit un accès immédiat et partagé à la réalité virtuelle et augmentée. Et pas seulement pour jouer : le BTP y voit la possibilité d’utiliser le scan laser pour améliorer la planéité d’un sol ou se conformer aux normes d’accès pour les personnes handicapées. D’autres travaux pourraient avoir rapidement des implications sur notre quotidien. Notamment dans le domaine de la santé, en cas d’insuffisance cardiovasculaire ou sur le terrain de l’analyse comportementale pour un individu souffrant de la maladie d’Alzheimer. Des chercheurs du CNRS travaillent sur des capteurs posés sur le corps, un système d’intelligence artificielle prélevant des données pour gérer des alarmes. Raffinement supplémentaire, ces objets connectés doivent être capables de fonctionner dans des environnements différents, puisque le porteur peut être amené à se déplacer. Ce qui suppose aussi que la communication soit sécurisée, la vie privée devant être préservée. Un autre programme, en partenariat avec l’UFR STAPS de l’université Nice Sophia Antipolis, se concentre sur l’analyse des performances des sportifs. « Comprendre comment le coeur s’adapte à l’effort, quelles sont les stratégies qu’il met en place pour s’adapter aux besoins. Il y a encore beaucoup à comprendre dans cette discipline », explique Olivier Meste. Le laboratoire I3S collabore également avec le CHU et l’hôpital Princesse-Grace, à Monaco, autour de l’analyse d’arythmie cardiaque.
Drones autonomes
« On essaie de prédire, par exemple, si l’opération envisagée va stopper ou non la fibrillation. Ceci, à partir des signaux que l’on a enregistrés à la surface du corps. Le but étant d’éviter de faire le geste réparateur, en cas de pronostic défavorable. » Dans un tout autre registre, une cellule d’I3S développe des « lois de commande » pour rendre les drones plus performants, en leur donnant une certaine autonomie. « Les recherches visent à les rendre capables de reconnaître leur cible ou d’atterrir sur un bateau. » Les retombées industrielles sont prometteuses. Et les moyens de 3IS importants : « Nous avons 130 permanents, auxquels s’ajoutent les thésards et masters. Ce qui peut faire monter l’effectif à près de 300 personnes », souligne Olivier Meste.