Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Air Cocaïne : « J’étais en confiance et j’ai été trahi »

Henri Bartolo, ancien patron du club « Le 44 » à Toulon, avait confié 100 000 euros à son ami Frank Colin, organisate­ur des vols suspects. Il nie avoir eu connaissan­ce d’un trafic de stups

- ERIC MARMOTTANS

Depuis l’ouverture du procès Air Cocaïne, le 18 février à Aix-enProvence, Henri Bartolo s’était fait très discret. L’ancien gérant du « 44 », une boîte de nuit toulonnais­e dans laquelle il avait débuté comme employé, a été invité hier à s’exprimer à la barre de la cour d’assises spéciale. On lui reproche notamment un virement bancaire de 100 000 euros au profit de son ami d’enfance, Frank Colin, alors même que celui-ci participai­t à l’organisati­on des vols suspects (lire ci-contre). « J’avais un compte en Suisse. En 2010, le banquier m’a laissé entendre qu’il y allait avoir un accord avec la France et que les Suisses allaient dénoncer les Français, explique le jeune quinquagén­aire, visiblemen­t intimidé par la solennité du moment. J’ai commencé à paniquer, le banquier m’appelait sans arrêt et me disait que si je clôturais mon compte ce serait bien. »

Un testament inquiétant

En novembre 2012 – alors que les vols suspects étaient sur le point de débuter –, « j’ai appelé Frank Colin (alors expatrié en Roumanie, Ndlr) pour trouver une solution, poursuit-il. Il m’a dit “fais-moi un virement de 100 000 euros sur le compte de ma femme et je te les ramène en France”. Moi j’étais perdu, j’étais en confiance. Frank, c’était mon ami, il était comme un frère… » Entre les deux hommes, les liens d’amitié étaient si forts que c’est à Henri Bartolo que Frank Colin, alors incarcéré, fait parvenir un testament dans lequel il demande que ses tatouages soient prélevés sur son corps, mis sous verre, et remis à son fils. « J’ai vraiment cru qu’il allait se suicider », commente Henri Bartolo la voix étranglée par l’émotion. Sur les 100 000 euros transférés de Suisse vers la Roumanie, l’ancien patron de boîte dit avoir récupéré 42 000 euros, remis en trois fois. Après une relance, Frank Colin a fini par donner une procuratio­n à Henri Bartolo sur le coffre-fort qu’il louait en région parisienne (lire cidessous ).« Il m’a montré les billets pour me rassurer .» Henri Bartolo affirme ne pas avoir été associé à un projet d’importatio­n de drogue. « J’ai demandé à Frank de me sortir d’une fraude fiscale et je me retrouve ici .» « Maintenant c’est fini, je pense qu’il s’est servi d’un moment de faiblesse. Il m’a trahi », tranche Henri Bartolo avant de fondre en larmes quand il évoque la fermeture du « 44 », il y a un an et demi. « J’ai toujours travaillé... » En réaction, Frank Colin a assuré qu’il aurait remboursé son ami plus rapidement si nécessaire. « Il n’en avait pas besoin .»Et de dénoncer les témoignage­s défavorabl­es à son endroit rapportés ces derniers jours. « Il faut que je pleure aussi, s’énerve-t-il, mais je ne sais pas jouer .»« Vous pensez que M. Bartolo a joué ? », l’interroge le président. « Non, je ne le pense pas. Je lui ai dit mille fois que j’étais désolé .»

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(Photo Dominique Leriche) Henri Bartolo (au centre), le jour de l’ouverture du procès à Aix-en-Provence.

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