Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Troisième procès d’assises pour Joseph Cavalieri

Ce Toulonnais de 59 ans reconnaît le braquage d’une supérette à Toulon en juillet 2016, mais nie avoir tiré sur les policiers de la Bac. Il a déjà passé vingt ans de sa vie derrière les barreaux

- G. D.

Une fois n’est pas coutume, le président Didier Guissart a choisi hier d’entamer le procès criminel de Joseph Cavalieri, un Toulonnais de 59 ans, par les aspects de sa personnali­té. La cour d’assises du Var en viendra ce matin aux faits qui lui sont reprochés. À savoir le braquage d’une supérette du quartier Saint-Roch à Toulon, le soir du 22 juillet 2016. Suivi d’une course-poursuite dans les rues du quartier. Avant d’ouvrir le feu sur les policiers de la brigade anticrimin­alité (Bac) lancés à ses trousses. Joseph Cavalieri avait finalement été immobilisé par des tirs de riposte, qui l’avaient blessé à une fesse. Il n’a pas contesté l’attaque du Spar de l’avenue SaintRoch. « J’ai fait ça par raison personnell­e. Par maladie. Mais je n’ai tiré sur personne, et je n’ai voulu blesser personne. »

Pour payer l’hôpital psychiatri­que

Dans le portrait qu’elle a dressé de Joseph Cavalieri, l’enquêtrice de personnali­té a noté qu’il était l’aîné des quatre enfants d’une famille toulonnais­e modeste, dans laquelle on ne mangeait pas tous les jours à sa faim. Une scolarité arrêtée à la fin du collège, quelques petits boulots, puis une entrée précoce en délinquanc­e ont jalonné le parcours marginal de cet homme, peu adapté aux normes sociales et morales. L’expert psychiatre n’a trouvé chez Joseph Cavalieri aucune anomalie mentale altérant son discerneme­nt, mais une fragilité de la personnali­té de type « état limite », favorisant des épisodes dépressifs.

Un casse de banque et une tentative de meurtre

Un mois avant les faits, il avait à cet égard demandé au psychiatre qui le suivait de le faire hospitalis­er pour dépression. Sans autre revenu qu’une pension d’adulte handicapé, il était dans l’incapacité de verser la caution qui lui était demandée pour entrer à l’hôpital. Selon lui, c’est la raison pour laquelle il a braqué cette supérette. « La seule continuité dans son existence est celle de son parcours judiciaire », a-t-il été noté. « J’ai passé plus de vingt ans de ma vie en prison », a indiqué Joseph Cavalieri. Son casier judiciaire, qui porte trace de six mentions, reflète incomplète­ment ce parcours. Il a cependant convenu qu’il faisait partie des cinq braqueurs qui avaient mené l’attaque du Crédit agricole de Bandol le 3 octobre 1985. Ce jour-là, 121 coffres de clients avaient été fracturés dans la salle forte. Le montant total du préjudice subi par la banque et les clients avait à l’époque été estimé à 5 millions de francs. Joseph Cavalieri avait été condamné pour ces faits le 20 mars1993 par les assises du Var à cinq ans de prison, dont dix-huit mois ferme. Après quatre autres condamnati­ons pour trafic de stupéfiant­s, associatio­n de malfaiteur­s et recel, il est de nouveau passé devant la cour d’assises du Var le 1er avril 2005, pour tentative de meurtre. Le 18 octobre 2001, dans un bar du port de Toulon, il avait tiré quatre balles de 9 mm dans le dos d’un homme, au cours d’une dispute de comptoir. Alors condamné à treize ans de réclusion, il est sorti de prison en avril 2015. Quel regard porte-t-il sur ces crimes à répétition ? « C’est un gâchis. Je n’en suis pas fier. Mais je ne peux pas revenir en arrière. »

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