Deux personnes décédées dans l’effondrement d’un pont
Les corps d’une adolescente de 15 ans et d’un chauffeur de camion ont été retrouvés, hier, sans vie dans le Tarn. Le pont suspendu de 1931, qui s’est effondré, avait été contrôlé et ne posait pas de problèmes
Tout s’est passé très vite. Hier à 8 h 10, le pont de Mirepoixsur-Tarn (Haute-Garonne) s’est effondré en quelques secondes. Sur le pont circulait un camion qui, selon les informations de France Bleu Occitanie, transportait un engin de chantier de 19 tonnes. Le poids total du camion et de son chargement dépassait ainsi les 19 tonnes autorisées, au maximum, pour les véhicules empruntant ce pont au-dessus du Tarn. Au moment de l’effondrement se trouvait aussi une Renault Clio dans laquelle se trouvaient une mère et sa fille de 15 ans. La mère a pu être secourue, malheureusement sa fille n’a pas survécu.
Aucune hypothèse confirmée
Tous les habitants de cette localité au nord de Toulouse étaient sous le choc. « J’ai du mal à le croire, ça aurait pu être moi, ce pont, je le prends tous les jours », s’effraie rétrospectivement, les larmes aux yeux, Emilie Mulero, une infirmière de 37 ans. « C’est pas possible que ça arrive ! On était loin de s’imaginer que le pont pouvait s’effondrer. Les bus scolaires venaient juste de passer le pont. Mon aîné venait de partir au collège de Bessières » ,témoignait avec des sanglots dans la voix Audrey Laujac, 36 ans, aide à domicile qui habite à 100 mètres. Le tablier du pont, quasi entièrement effondré, plonge désormais dans la rivière. Datant de 1931, le pont avait été contrôlé et « n’avait pas été identifié comme posant des problèmes particuliers », a pour sa part relevé la secrétaire d’Etat à la Transition écologique Emmanuelle Wargon, venue sur place avec le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Laurent Nuñez.
« Aucune hypothèse ne peut être
confirmée », a souligné Laurent Nuñez, interrogé sur un possible surpoids du camion ayant emprunté le pont, qui était interdit aux plus de 19 tonnes. L’enquête devra aussi déterminer « si les conditions d’usage du pont n’étaient pas celles prévues », a ajouté Emmanuelle Wargon. Selon des élus locaux, le passage de camions en surpoids sur cet ouvrage n’était pas exceptionnel. Selon le procureur de Toulouse Dominique Alzéari, les deux véhicules, le camion et la Renault Clio où était l’adolescente, roulaient en sens inverse. La mère de la jeune victime a pu être sauvée par des témoins, dont deux ont été blessés dans l’opération, et dont le « courage » a été salué par Laurent Nuñez. L’adolescente était en classe de Première au lycée privé d’enseignement professionnel rural de la localité voisine de Montastrucla-Conseillère, selon l’établissement où une cellule psychologique a été mise en place. L’ouvrage ne présentait « aucun problème de structure » lors de sa dernière inspection « détaillée
en 2017 » avait indiqué dans la matinée le Conseil départemental. Le dernier contrôle a eu lieu en décembre 2018. Le pont mesurait 155 mètres de long et 6,50 mètres de large. Le procureur a fait état de « perquisitions chez le transporteur ». Selon le Conseil départemental, il s’agit d’une « entreprise de forage ». « Le camion, qui a été localisé dans la rivière, est apparemment un porte-char, ce type de véhicule transporte des grues. A priori, c’est un véhicule lourd. » Une mission sénatoriale créée après Gênes
Ce drame « illustre malheureusement » les conclusions de la mission d’information sénatoriale sur la sécurité des ponts, à savoir qu’il y a « une vraie dangerosité
de l’état de nos ponts », a déclaré son président Hervé Maurey. Le Sénat avait mis en place cette mission sur la sécurité des ponts après l’effondrement d’un viaduc à Gênes (Italie) le 14 août 2018, qui avait fait 43 morts.