STUPS À TOULON: RELAXÉ APRÈS ANS DE CAVALE
Interpellé après quatre ans de cavale, Toufik Chaoueche était soupçonné d’être impliqué dans l’affaire des 500 kg de cannabis saisis – un record – en 2015 à Toulon. La justice, qui avait condamné par défaut cet Azuréen à dix ans de prison, lui a finalemen
L’affaire de la demi-tonne de cannabis, cette saisie historique réalisée à Toulon en juin 2015, a connu de nouveaux rebondissements ces dernières semaines avec la fin de la cavale de Toufik Chaoueche. Il y a un peu plus de quatre ans, cet Azuréen avait échappé aux policiers de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Nice venus le cueillir à son domicile présumé, résidence Fleurval à Cagnes-surMer (Alpes-Maritimes). Le fugitif a finalement été interpellé le 13 septembre dernier à Drancy (Seine-Saint-Denis), à la faveur d’un contrôle de police. Non sans mal. Toufik Chaoueche s’est cassé une jambe en sautant pardessus un mur. Il a fourni une fausse identité avant d’être confondu par ses empreintes digitales. Incarcéré à Villepinte (SeineSaint-Denis), le voilà qui comparaît devant le tribunal correctionnel de Toulon par visioconférence. « Je n’ai rien à voir avec cette affaire », clame le quadragénaire à la barbe légère et blanchissante. D’ailleurs, il dément avoir pris la fuite en 2015. Les policiers n’auraient tout simplement pas frappé à la bonne porte puisqu’il se trouvait selon lui à Antibes, chez sa nouvelle compagne… « Je ne me
Les kg de résine de cannabis étaient dissimulés dans des sacs, à l’arrière d’un véhicule qui a fait un aller-retour entre Toulon et Mulhouse. Une saisie exceptionnelle.
Cet ami toulonnais, à qui Toufik Chaoueche est « certain » d’avoir remis les clés du Renault Captur, n’est plus là pour le confirmer. Son corps a été retrouvé en Espagne, un mois après la saisie de Toulon. Mort d’une balle dans la tête. Un décès « compatible avec la thèse du suicide », selon les autorités locales qui ont précisé avoir retrouvé l’arme (et 2,8 kg de drogue) sur place. Pour autant, « Jérôme Conforto a indiqué que c’est vous qui lui avez prêté la voiture… », tente Claire Diwo qui préside l’audience. « Il faudra lui demander… », rétorque Toufik Chaoueche.
Un baron de la drogue remis en liberté à Toulon
Lui aussi est absent. Jérôme Conforto, originaire de la cité de la Marquisanne dans la banlieue ouest de Toulon, est présenté comme un baron de la drogue. C’est lui qui a convoyé les 506 kg de drogue, au volant d’un Peugeot 3008 volé et faussement immatriculé. Il avait fait figure de cible prioritaire après la mise au jour des stupéfiants par la police judiciaire. D’abord placé en détention provisoire, sa remise en liberté en 2017 fait encore jaser dans les couloirs du palais de justice. Condamné à 20 ans de prison en mai 2018, son
procès s’est tenu sans lui (1). Interrogé sur ces amitiés toulonnaises, Toufik Chaoueche les explique par un hobby partagé. « On jouait aux cartes dans une association qui a fermé depuis »–« Vous veniez de Cagnes-sur-Mer à Toulon pour jouer aux cartes dans un local associatif ? », s’étonne Claire Diwo –« Oui .» Elle l’interpelle aussi sur des séjours sur la Costa del Sol. « C’est vrai que j’ai été en Espagne avec Jérôme Conforto pour des vacances, ça ne fait pas de moi un trafiquant .»
Coke en stock à Marseille
Ainsi, Toufik Chaoueche ne serait pas le contact qui se cachait derrière le pseudonyme « TFL » dans
qu’une personne, assène le procureur Dominique Mirkovic, réclamant sept ans de prison. Ce n’est pas un lieutenant si on en croit ces messages, c’est un associé à parts
Dix ans de prison parce que j’ai prêté une voiture ! ”
C’est n’est pas un lieutenant, c’est un associé ”
Selon nos principes, on ne peut pas le condamner”
suis recherché. Je ne vois plus mes enfants, mes parents. Je suis coupé du monde. » Quand il a été appréhendé à Drancy, il remettait une carte grise à un Toulonnais. « Je fais les démarches et je prends une commission de vingt euros. » Les 3 210 euros retrouvés dans ses proches ? « C’est toute ma vie. » Et l’insaisissable suspect de conclure : « Je suis content que tout cela se termine (...) J’espère que vous allez prendre la décision de ne pas gâcher ma vie .» Toufik Chaoueche aura pu compter sur une solide défense. « Vous vous trompez de TLF », argue Me Amar Bouaou, dans une salle d’audience sans public, en tapant sur le pupitre des avocats. « C’est une interprétation policière erronée », insiste le pénaliste, en s’engouffrant dans les brèches de l’enquête. « Il n’y a pas d’ADN, pas de téléphone [en possession de Toufik Chaoueche] (...) Je ne dis pas qu’il dit la vérité, je dis que les explications qu’il a données sont vraisemblables (...) Si on applique les principes qui sont les nôtres, on ne peut pas le condamner .» Après plus de quatre années de cavale, Toufik Chaoueche voit sa condamnation à dix ans de prison annulée. Il est relaxé au bénéfice du doute. Et n’en croit pas ses oreilles. « Relaxé ? Ah, top. » Le parquet de Toulon a annoncé son intention de faire appel. En attendant, le Toulonnais Jérôme Conforto court toujours. 1. Nos éditions du 18 mai 2018.